Espionnage chinois: la vigilance est de mise, selon un ex-ambassadeur canadien
L’ancien ambassadeur du Canada en Chine, Guy St-Jacques, croit qu’il est nécessaire d’envoyer un message fort en déposant des accusations contre le présumé espion chinois employé d’Hydro-Québec arrêté lundi, afin de décourager la Chine dans ses nombreuses tentatives d’espionnage.
• À lire aussi: Espion en télétravail: des secrets d'Hydro-Québec divulgués en Chine depuis la banlieue
• À lire aussi: Un site névralgique de notre filière électrique, lieu d’action d’un espion
En entrevue à QUB radio, M. St-Jacques a rappelé qu’il y a eu d’autres cas dans le passé, incluant notamment la défunte compagnie de télécommunication Nortel.
«Sa déchéance a correspondu avec la montée fulgurante de la compagnie Huawei. À l’époque, Nortel a payé le prix, car elle n’avait pas des pratiques sécuritaires robustes. Les compagnies qui détiennent de la technologie intéressante doivent absolument avoir des systèmes sécuritaires pour prévenir les cyberattaques et le vol de propriété intellectuelle. Nous savons que la Chine souhaite se développer sur le plan technologique afin de devenir une superpuissance», a-t-il mentionné au micro de Philippe-Vincent Foisy.
Selon lui, Hydro-Québec est un fleuron québécois où il s’effectue de la bonne recherche. Il a expliqué que l’un des défis actuellement avec les énergies renouvelables, c’est de savoir comment entreposer l’énergie pour l’utiliser lorsque nous en avons besoin, particulièrement l’énergie éolienne et solaire.
«Monsieur Wang travaillait sur des batteries solides. On sait qu’Hydro-Québec veut obtenir 10 % du marché estimé de 3 milliards $ d’ici une dizaine d’années. La Chine s’intéresse aussi à cela. La bonne nouvelle, c’est qu’Hydro-Québec a pu s’apercevoir de cette situation et contacter la Gendarmerie royale du Canada afin que des accusations soient portées.»
Interrogé à savoir s’il a agi seul, M. St-Jacques est persuadé qu’il avait des partenaires en Chine à qui il relayait l’information. «Il se servait de l’information obtenue pour enregistrer des brevets en prétendant qu’il avait lui-même effectué les découvertes.»
Comme Montréal est un centre reconnu pour l’intelligence artificielle, M. St-Jacques croit mordicus qu’il y a des tentatives effectuées pour voler de la technologie. «Les Chinois utilisent tous les moyens légaux et illégaux. Nous avons de bonnes technologies qui vont les intéresser dans le domaine des énergies renouvelables. Ça s’applique aussi à la recherche universitaire, car certains chercheurs chinois sont associés à des instituts militaires. Ils viennent effectuer des études supérieures ici et leur but est d’acquérir une formation, mais aussi d'obtenir des informations qu'ils peuvent voler. Cela pose un défi pour les universités», a-t-il prévenu.
Guy St-Jacques n’est pas en mesure de savoir combien il pourrait y avoir d’espions au Canada. «C’est difficile à estimer. Cela dit, il y a beaucoup plus d’accusations portées aux États-Unis, car ils s’intéressent à la question depuis longtemps.»