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Des milieux de vie de qualité pour une fin de vie dans la dignité

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Le Québec est un champion de la privatisation des soins aux personnes aînées en situation de vulnérabilité. Près de 10 % des Québécois de 65 ans et plus vivent dans des résidences d’hébergement de longue durée, contre 7 % au Canada et 4 % dans des pays comme l’Allemagne, la France ou la Norvège. 

Or, depuis des années, les histoires d’horreur dans ces établissements font les manchettes dans les médias. Chaque fois, l’histoire se répète : on se choque et l’on oublie. On n’empêche pas le profit. 

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Cette semaine, un groupe majeur de résidences privées pour aînés se retrouve en difficulté financière, alors que des aînés paient le gros prix pour y rester. Déjà, les enquêtes journalistiques pointent du doigt le « mode de vie luxueux du fondateur ». C’est payant de « prendre soin de nos aînés » !

Conditions atroces

Puis, une résidence privée pour aînés des Laurentides a été mise sous tutelle. Des résidents ont été trouvés avec des plaies ou une altération de la peau, alors que d’autres portaient des lésions de grattage ou des infections aux ongles. Par ailleurs, l’enquête révèle que les besoins de nombreux aînés n’étaient pas comblés.

Malheureusement, dès que l’on exige plus de sécurité et plus de qualité dans ces établissements privés, un fort lobby se lève avec la menace de fermeture. Et comme notre système de santé a appris à dépendre du privé, nous sommes à la merci de ces groupes parfois cotés en bourse. 

En effet, si ces résidences privées pour aînés ferment demain matin, où allons-nous déménager ces centaines de bénéficiaires vulnérables à travers nos régions ? Le réseau public d’hébergement est engorgé et les hôpitaux encore plus !

Le respect avant le profit

D’où vient cette logique que la vulnérabilité soit profitable ? Ce choix de société semble tout à fait inhumain. Il ne faut donc pas s’étonner des conséquences qui se répètent. 

En ce sens, il faut absolument mettre un frein au dérapage du privé dans sa monétisation des personnes les plus vulnérables de notre société. Ce modèle était censé coûter moins cher à la société selon ses défenseurs, mais ces derniers ont omis de considérer les coûts humains. On doit reprendre le contrôle de la qualité des soins et des services.

C’est pourquoi le Québec doit graduellement passer à un modèle qui repose sur la dignité avant le profit, dans le respect de ces personnes qui ont contribué toute leur vie. Il faut y mettre le temps, les efforts et les moyens. Ne nous faisons pas d’illusions, il faudra payer une facture. Mais le statu quo est intenable. 

Ça prend du personnel formé, avec des conditions de travail à la hauteur. Il faut rendre mobiles les soins et les services aux personnes aînées, pour leur permettre de rester là où elles le veulent, le plus longtemps possible. Finalement, ça prend des milieux de vie de qualité pour une fin de vie dans la dignité et non dans la déchéance. 

Avoir accès à des soins de qualité dans un environnement sécuritaire lorsque nous sommes en situation de vulnérabilité, c’est un droit inaliénable et le profit ne devrait en aucun cas y faire obstacle.

Photo courtoisie

Lise Lapointe, présidente de l’Association des retraitées et retraités de l’éducation et des autres services publics du Québec (AREQ)

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