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La facture cachée des changements climatiques

Sables bitumineux
Photo d’archives

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L’industrie du pétrole et du gaz au Canada est en voie de connaître sa meilleure année.

Pas depuis une ou deux décennies, mais de tout temps. 

Après un creux de vague, elle roule sur l’or. 

Les revenus de l’Alberta ont explosé. Ils atteindront 30 milliards $ cette année, par rapport à 5 milliards $ il y a quatre ans. 

Les profits de la poignée des plus grandes compagnies actives dans les sables bitumineux atteindront autour de 150 milliards $ cette année, grâce à l’augmentation des prix du pétrole.

On parle ici de profit, pas de revenus.

On manque d’adjectifs pour qualifier la fortune sur laquelle elles sont assises. 

Et elles n’ont pas besoin de trop s’en faire pour leur avenir. 

Plein gaz

Les pays réunis à la COP27 qui s’est terminée hier ont, sans surprise, refusé d’affirmer une sortie progressive du pétrole et du gaz. 

De toute façon, le débat n’est pas là. 

Le bras de fer entre le gouvernement Trudeau et cette industrie qui compte pour 26 % de nos émissions de gaz à effet de serre ne fait que commencer. 

La question est de savoir comment et si l’industrie compte réduire ses émissions. Et surtout, qui payera la note. 

Ottawa compte sur des technologies novatrices, mais balbutiantes de captage du carbone. 

L’idée est d’enfouir les polluants dans le sol dans des réservoirs ou de les transformer. 

« La capture, l’utilisation et le stockage du carbone doivent être un élément clé de la transition vers une économie nette zéro », a soutenu dans une lettre ouverte en mars dernier le ministre Steven Guilbeault. 

Mais la facture sera salée, autour de 75 milliards $, selon un patron de Suncor Énergie. 

L’industrie s’attend à ce qu’Ottawa mette la main à la poche. 

L’Alberta demande 30 milliards $ pour financer cette transition dans la prochaine décennie. 

Ottawa promet de son côté d’offrir un crédit d’impôt de 50 % pour financer ces projets, bien en deçà des 85 % exigés par l’industrie. 

Cette dernière s’est engagée le mois dernier à investir 24 milliards $ pour développer cette technologie et bâtir des réservoirs. Mais jusqu’à présent, elle s’est surtout traîné les pieds.

Pourquoi avoir attendu à la 11e heure ? 

Sérieux ? 

Le gouvernement Trudeau a besoin de la coopération de l’industrie des sables bitumineux s’il veut atteindre ses ambitieuses cibles de réduction des GES.

Des cibles que nous avons chaque fois ratées depuis 30 ans.  

Ottawa souhaite d’ici 2023 établir un plafond des émissions pour ce secteur qui prévoit augmenter sa production de près de 20 %. 

Plus de pétrole, mais du pétrole moins polluant, en somme. L’industrie rechigne, encore et toujours. Bien sûr, on ne crée pas par magie des technologies nouvelles. 

Mais encore une fois, pourquoi si peu d’efforts pour les trouver ? 

Si l’industrie pétrolière ne prend pas au sérieux la décarbonation de sa production alors qu’elle engrange des profits monstres, on peut se demander quand elle le fera.

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