Convoi de la liberté: les espions ont recommandé d’invoquer la Loi sur les mesures d’urgence
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OTTAWA – Le directeur du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS), lui-même, a recommandé au premier ministre Trudeau d’invoquer la Loi sur les mesures d’urgence pour en finir avec le convoi de la liberté.
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Il s’agit d’une information clef dans l’enquête en cours qui vise à savoir s’il était ou non justifié que le gouvernement fédéral invoque cette loi de dernier recours.
Lors du témoignage ce matin du directeur du SCRS, David Vigneault, on a appris que Justin Trudeau a personnellement demandé conseil au grand patron de l’espionnage canadien, lors d’une réunion le 13 février, la veille de l’invocation de la oi.
M.Vigneault lui a répondu qu’à son avis la Loi était requise. Il a expliqué que le convoi ne posait pas une menace à la sécurité nationale en vertu de l’acte 2 de la Loi sur le SCRS, mais que la Loi sur les mesures d’urgence comprenait, elle, une définition plus large de la menace à la sécurité nationale.
«La loi sur le SCRS a été adoptée en 1984 et, depuis, la menace a évolué», a indiqué M.Vigneault.
Son service consacre par exemple près de la moitié de ses ressources en contre-terrorisme à l’extrémisme violent à caractère idéologique, une menace qui n’existait pas il y a 40 ans. Elle est définie seulement depuis 2018.
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Dans un récent rapport, le SCRS indiquait :
«La menace de l’EVCI s’est particulièrement intensifiée pendant la pandémie. Des groupes prônant la suprématie blanche et des groupes antigouvernementaux ont exploité les inquiétudes de certaines personnes à l’égard des mesures de confinement et de la vaccination obligatoire pour alimenter la haine, la discorde et la violence. Bien que les personnes utilisant la rhétorique violente ou extrémiste n’envisagent peut-être pas de commettre des actes violents, elles peuvent amener, sciemment ou non, d’autres personnes réceptives à leur discours à poser de tels gestes.»
La veille de l’arrivée du convoi, le Service indiquait au gouvernement ne pas avoir de preuve d’un complot pour commettre des actes de «violence grave», mais pointait le risque des «loups solitaires».
Dans un document secret adressé au gouvernement le 27 janvier et déposé en preuve aujourd’hui, CSIS indiquait que «des membres de Diagolon ont déclaré espérer que la manifestation résulte en un évènement du style 6 janvier canadien, en référence à l’émeute du Capitole».
«Des membres de Diagolon utilisent cet évènement comme un moyen d’attirer l’attention sur leur groupe et planifient de distribuer des autocollants et des cartes aux autres manifestants», peut-on lire.
Le leader de la milice d’extrême droite Diagolon, Jeremy MacKenzie, a été arrêté en septembre en vertu d’un mandat pancanadien pour voies de fait, braquage d’une arme à feu, utilisation d’une arme à autorisation restreinte de manière imprudente et méfait.
M.Trudeau et sept de ses ministres, dont la vice-première ministre, seront entendus cette semaine devant la commission d’enquête.