Elle meurt après une chirurgie esthétique dans une clinique privée de Westmount
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Une chirurgie esthétique a viré au pire cauchemar pour une mère de famille, qui est finalement décédée plusieurs jours après une complication opératoire, à Montréal.
La femme dans la quarantaine s’était fait opérer le 1er novembre dernier, à la clinique privée EspaceMD, à Westmount. Par respect pour ses proches qui vivent des moments difficiles, Le Journal ne révèle pas l’identité de la patiente décédée.
Selon nos informations, la chirurgie impliquait une liposuccion et un transfert de gras vers les seins. Pour une raison qui demeure inconnue, l’état de la femme s’est détérioré pendant l’opération.
À l’arrivée des paramédics, elle n’était pas en arrêt cardiorespiratoire, mais elle « n’allait vraiment pas bien », selon nos sources.
La mère de famille est finalement décédée à l’hôpital général de Montréal, le 13 novembre. La chirurgienne qui l’a opérée est la propriétaire de la clinique, la Dre Sandra McGill.
Une médecin d’expérience
Cette dernière détient plus de 15 ans d’expérience dans le domaine. Elle a refusé notre demande d’entrevue, mercredi.
«Étant tenus au secret professionnel, nous ne sommes pas autorisés à vous communiquer quelque information que ce soit en lien avec les patients qui ont ou non été traités à notre clinique», a écrit par courriel Stéphanie Garand, directrice de la clinique.
Sur son site, on lit que la clinique est «à l’avant-garde [et] est la plus moderne et la plus avancée sur le plan de la technologie du genre à Montréal».
«Nos installations [...] respectent les normes les plus exigeantes, notamment en matière de sécurité. Vous pouvez donc être certains que votre sécurité et votre confort sont notre priorité absolue», lit-on.
Plusieurs chirurgiens esthétiques contactés par Le Journal sont secoués par ce décès, même si ces opérations comportent toujours des risques.
Souvent, les complications surviennent lors de chirurgies faites à l’étranger, où les normes médicales sont moins strictes. Par ailleurs, cette histoire n’est pas sans rappeler le décès de Micheline Charest (voir plus bas).
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Deux risques majeurs
Selon des spécialistes, les deux risques principaux de complications lors d’opérations esthétiques sont les caillots (sang ou gras), et l’anesthésie. Dans plusieurs cas, des chirurgies plastiques peuvent se faire sous sédation localisée.
Or, selon un chirurgien plasticien contacté par Le Journal, plusieurs cas de sédation ont causé des complications en 2022 au Québec. Le médecin est convaincu que cela est lié à l’embauche d’inhalothérapeutes, plutôt que d’anesthésistes (qui sont médecins).
«La seule raison d’avoir un inhalothérapeute, c’est pour payer moins cher, dit-il sous le couvert de l’anonymat. Mais, c’est plus que cow-boy. On met les patients en danger.»
Trop braves
Bien que les inhalothérapeutes aient le droit de faire de la sédation légère ou modérée, dans certaines conditions, les risques sont réels si la situation dégénère (dépression cardiorespiratoire, dose trop forte, etc.).
«Ils deviennent trop braves, ils se prennent pour des anesthésistes», dit le chirurgien, qui s’assure de toujours embaucher un médecin spécialiste.
Le Collège des médecins du Québec a refusé de dire si le syndic se penchera sur ce cas. Mercredi, le Bureau du coroner n’avait pas ouvert d’enquête.
«Nous ferons les vérifications nécessaires afin de déterminer s’il y a lieu qu’un coroner intervienne», a-t-on écrit par courriel.
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D’AUTRES DÉCÈS LORS DE CHIRURGIES ESTHÉTIQUES
Micheline Charest
La cofondatrice de la compagnie de production Cinar est morte à 51 ans, en 2004, après une chirurgie esthétique, à Montréal.
Elle a eu des difficultés respiratoires pendant l’opération, mais l’équipe médicale a tardé avant d’appeler les services d’urgence.
Le coroner a conclu à un «accident évitable».
Valérie Castonguay
La femme de 25 ans est morte en 2008 alors qu’elle subissait une chirurgie de correction du nez, à Montréal.
La jeune patiente avait développé un pneumothorax et était décédée dans les heures suivantes, à l’hôpital.
Le coroner avait blâmé le chirurgien et son équipe, qui n’avaient pas respecté les standards dans la salle de réveil.