Discours d’ouverture: Legault réussira-t-il à offrir aux Québécois le strict minimum?
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Le contraste est frappant entre l’Alberta et le Québec. L’une veut devenir souveraine dans un Canada uni. L’autre essaye d’être fière dans un contexte où tout semble lâcher.
Dans son discours d’ouverture, le premier ministre François Legault a parlé de son obsession des résultats. Tant mieux.
Les attentes du public sont élevées envers le gouvernement, mais elles ne sont pas du tout démesurées.
La base
Regardons ce qu’on espère avoir :
- Un médecin quand on en a besoin ;
- Un professeur par classe qui maîtrise le français, avec du matériel de qualité, dans des écoles qui ne sont pas en décrépitude ;
- Des places en garderie pour tous les jeunes ;
- Des délais raisonnables dans les palais de justice ;
- Des immigrants intégrés qui travaillent en français selon leurs compétences ;
- Des rues sécuritaires où les gens ne se font pas tirer dessus ;
- Des rues qui ne ressemblent pas à la surface de la lune ;
- Des transports en commun efficaces ;
- Une culture qui rayonne ici et à l’étranger ;
- Des services en français ;
- Un environnement où l’eau et l’air sont sains ;
- Des agriculteurs qui vivent, et non qui survivent ;
C’est le minimum, non?
Sincèrement, si François Legault atteint tous ces objectifs en quatre ans, il en aura fait beaucoup plus que plusieurs de ses prédécesseurs.
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Les extras
Je doute toutefois que M. Legault souhaite qu’on écrive sur sa future statue : il a été le premier ministre qui a réussi à offrir aux Québécois les services de base.
Il en voudra plus.
L’avez-vous vu avec Paul Larocque, à TVA, quand il parle de barrages et de développement énergétique? Il s’excite : c’est son ambition, son projet.
Et c’est vrai que nous avons collectivement une opportunité en or de prendre notre place et de jouer un rôle important dans le monde.
C’est plus porteur et rassembleur comme projet collectif que la souveraineté. Ça alimente aussi la fierté!
Par contre, les Québécois ont besoin des services de base avant de penser aux extras. Ce ne sont pas des chèques qui vont nous faire oublier le piètre état de nos réseaux.
Plus d’excuses
En fin de compte, s’il n’y arrive pas, il n’aura que lui à blâmer. Après tout, il a 89 députés, une bonne expérience politique et de nouveaux talents.
Son grand défi sera de conjuguer des priorités qui peuvent parfois entrer en contradiction les unes avec les autres.
Pensez à la langue : une immigration économique 100 % francophone veut dire oublier les immigrants américains, japonais, coréens, allemands. Tant pis pour les domaines de pointe où nous avons un besoin criant de ces talents, dans le but de... créer davantage de richesse.
Il a tous les leviers pour mettre en œuvre ses décisions.
Le socle d’un monument est peut-être sa partie la plus ennuyante, celle qui attire le moins les regards, mais sans lui, la statue des grands hommes politiques ne pourrait jamais rester debout et, surtout, résister au temps.