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Chemin Roxham: hôtel, repas et aide sociale pour les migrants

Chaque mois au Hyatt coûte 757 000 $ au gouvernement

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Photo Agence QMI, Jules Richer Deux cents des 350 chambres de l’hôtel Hyatt au centre-ville de Montréal sont réservées aux migrants.

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Après souvent un périple de milliers de kilomètres, plusieurs des migrants qui arrivent par le chemin Roxham sont logés temporairement à l’hôtel Hyatt au centre-ville de Montréal.

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Deux cents des 350 chambres de l’hôtel leur sont réservées par le gouvernement québécois, qui refile ensuite la facture de 757 000 $ par mois à Ottawa. Ils peuvent être jusqu’à quatre par chambre et ils sont nourris aux frais de l’État.

Rencontré en face de l’hôtel, Mohamed*, originaire du Ghana, est remonté depuis le Brésil jusqu’au Canada, un voyage long et ardu, rempli de dangers.

Originaire du Ghana, Mohamed a fait un long périple à partir du Brésil pour entrer au Canada par le chemin Roxham.
Photo Agence QMI, Jules Richer
Originaire du Ghana, Mohamed a fait un long périple à partir du Brésil pour entrer au Canada par le chemin Roxham.

Mais, pour lui, le sacrifice en valait la peine. « J’ai choisi le Canada, dit-il, parce que c’est le meilleur pays pour les immigrants. »

S’il est accepté comme réfugié, il espère reprendre l’occupation qu’il avait en Afrique : entraîneur de soccer.

Les migrants peuvent rester entre un et deux mois à l’hôtel situé au coin des rues Sainte-Catherine et Saint-Hubert en attendant de recevoir de l’aide sociale. Une fois que c’est fait, il leur faut trouver un logement à leurs frais. À Montréal, ce n’est pas évident.

Logements chers

C’est le cas pour Lourdette*, une Haïtienne rencontrée sur le trottoir de la rue Saint-Hubert, accompagnée de ses quelques possessions, alors qu’elle venait de quitter l’hôtel pour aller emménager dans un appartement.

Accompagnée de ses seules possessions, Lourdette se préparait à quitter l’hôtel pour emménager dans un appartement.
Photo Agence QMI, Jules Richer
Accompagnée de ses seules possessions, Lourdette se préparait à quitter l’hôtel pour emménager dans un appartement.

« C’est très difficile », affirme-t-elle.

Après de longues recherches, elle a fini par dénicher un 4 et demie sur une grande artère au coût de 1500 $ par mois.

Lourdette* trouve que c’est cher. Avec des prestations d’aide sociale de 750 $ par mois, elle doit partager l’appartement à plusieurs pour arriver à survivre.

La seule chose qu’elle souhaite maintenant, c’est d’obtenir rapidement un permis de travail temporaire pour cesser de dépendre de l’aide sociale.

Lorsqu’on lui demande son âge, elle répond spontanément : « J’ai 42 ans et prête à travailler ! »

Morts-vivants

Emmanuela*, une autre ressortissante haïtienne, explique qu’elle a décidé de fuir son pays à cause les conditions précaires qui y règnent. 

« Les gens sont des morts-vivants en Haïti », souligne-t-elle.

Pour arriver jusqu’au chemin Roxham, elle est passée par la République dominicaine, puis Porto Rico pour se retrouver finalement en Floride. Elle conserve un mauvais souvenir de son passage aux États-Unis. 

« Un soir, j’ai dû dormir dans les rues à Miami, raconte-t-elle. Ici, on nous traite bien. Le Canada est un pays calme, je me sens en sécurité. »

* Le nom de famille des migrants a été omis à leur demande. 

Une longue attente pour travailler 

Les délais d’obtention d’un permis de travail temporaire pour les demandeurs du statut de réfugiés n’ont pas toujours été aussi longs.

Dans le passé, avant le surcroît du chemin Roxham, les réfugiés pouvaient obtenir le précieux document quelques semaines après leur entrée au pays. 

Aujourd’hui, l’attente s’étire entre 12 et 18 mois. Dans l’intervalle, seules les prestations d’aide sociale permettent de subvenir aux besoins ou encore les réfugiés se tourneront vers le travail au noir dans des conditions précaires. 

Pauvreté

« Le problème numéro un actuellement pour les demandeurs du statut de réfugié, c’est l’obtention du permis de travail. À cause des délais, les gens sont maintenus dans une pauvreté inadmissible », souligne Maryse Poisson, de l’organisme Collectif Bienvenue. 

Conscient du problème, Ottawa a fini par apporter des correctifs, il y a deux semaines. Grâce à un changement administratif, les délais d’obtention des permis seront dorénavant ramenés à seulement un mois. 

Retards

Mais la nouvelle procédure pourrait se buter à un arriéré important, puisque des dizaines de milliers de demandes de permis sont en attente à cause des retards pris en 2021 et en 2022. 

La semaine dernière, les organismes communautaires à qui nous avons posé la question n’avaient pas encore constaté de recul dans les délais d’émission des permis de travail. 

Attendus à bras ouverts dans les restos

Les restaurateurs se désolent du fait que des dizaines de milliers de demandeurs de statut réfugié n’aient pu être mis à contribution pour réduire leurs besoins criants en matière main-d’œuvre.

Martin Vézina, de l’Association Restauration Québec, comprend mal pourquoi Ottawa a tant tardé à réduire les délais d’émission des permis de travail temporaires.

« Pourtant, on est prêts à les recevoir à bras ouverts », souligne-t-il.

Dans la restauration au Québec, ce n’est pas le travail qui manque actuellement : 33 000 emplois sont vacants dans le secteur.

La restauration offre des métiers non spécialisés dont les conditions se sont beaucoup améliorées dans les dernières années, note M. Vézina, à cause de la rareté de main-d’œuvre. « On n’a plus des métiers à bas salaire », dit-il.

19 $ de l’heure

Par exemple, les plongeurs peuvent actuellement obtenir jusqu’à 19 $ de l’heure.

« On peut être la porte d’entrée des demandeurs de statut de réfugié au marché du travail, enchaîne-t-il. Dans la restauration, on est habitués à former les gens. »

M. Vézina rappelle le travail est aussi un « excellent moyen d’intégration dans la communauté ».

« Ces gens-là vont aussi aider à faire vivre leur famille, ajoute-t-il, et contribueront à la richesse collective du Québec en versant des impôts. »

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