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Déclin du français: la CAQ a le champ libre pour agir

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C’est en quelque sorte un aveu d’échec que fait François Legault.

Un aveu d’échec pour sa propre loi 96, adoptée il y a quelques mois, qu’on confesse comme insuffisante pour freiner le déclin du français.

Et, plus largement, un aveu que nos propres mesures d’intégration des nouveaux arrivants en français sont déficientes.

Il y a aussi du réalisme chez le PM Legault. Sur la situation du français d’abord et sur ses demandes pour rapatrier les pouvoirs en immigration du fédéral. On conçoit très bien que ces pouvoirs sont la chasse gardée du gouvernement fédéral.

Fenêtre ouverte

La CAQ est néanmoins devant une fenêtre grande ouverte.

Elle bénéficie d’une légitimité politique rarement vue au Québec.

Elle peut donc chambarder l’ordre linguistique, en allant là où elle n’a pas osé aller durant son premier mandat.

D’ailleurs, les partis d’opposition n’auront même pas intérêt à s’opposer à de nouvelles mesures.

Le PQ les appuiera indéniablement. Le PLQ aussi, s’il souhaite moindrement une renaissance politique. Et QS demeure mélangé dans ses lacets, déchiré entre le réel et un électorat qui rejette toutes digues linguistiques.

L’opinion publique aussi a évolué dans les dernières années.

Je vous donne un exemple.

En juin 2022, Léger sondait que près de 55 % étaient favorables à l’élargissement de la loi 101 au cégep ! C’est toute une majorité, qu’on ne peut pas balayer au nom du catéchisme du libre-choix.

Ce qui n’a pas toujours été le cas. Les Québécois y étaient largement défavorables auparavant. Maintenant ils sont majoritairement en faveur de l’élargissement de la loi.

Et ça risque de continuer ! Présentement, un fabuleux mouvement de syndicats de professeurs de cégep – 39 au total sur 48 cégeps – s’est levé, ces derniers mois, et réclame maintenant la loi 101 au cégep.

C’est un beau symbole quand même. Des profs de partout au Québec qui se rassemblent en assemblée syndicale, débattent et arrivent pratiquement tous à la même conclusion : la nécessité d’étendre la loi 101 chez eux.

Une résistance qui a même poussé les deux plus gros syndicats de professeurs collégiaux à changer de cap et à adopter leur position. Pas rien.

Ces profs ont les deux pieds dans le réel. Ils voient la dégradation des cégeps francophones et du français dans leur quotidien.

Vous trouvez ça normal, vous, que nos cégeps francos ont plus de 20 000 places disponibles, tandis que les cégeps anglos font de l’écrémage pour ne prendre que les meilleurs élèves ?

Et les universités

Une réflexion s’impose aussi pour nos universités. Le sort de l’UQAM est inquiétant présentement. Les inscriptions sont en baisse, et Concordia dépasse maintenant l’UQAM dans les inscriptions pour les étudiants à temps plein. L’UQAM, qui incarne une certaine idée de l’université du Peuple au centre de la reconquête des francophones pendant la Révolution tranquille, représente maintenant un des symboles de l’effritement du français. L’histoire nous fait de l’œil.

Il faut certes respecter les institutions de la minorité anglophone. Nul doute là-dessus. Il faut aussi constater que leur poids surdimensionné dévalorise nos cégeps et nos universités francophones. On n’est plus dans le registre des droits historiques, ici.

On peut espérer un réveil national, comme le ministre de la Langue française, Jean-François Roberge, l’a déclaré. Mais on peut surtout espérer un gouvernement capable de passer outre ses vœux pieux habituels et de prendre les bonnes mesures pour la suite du Québec.

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