Transformer le réseau de la santé: il est temps de prendre vos responsabilités, M. Dubé
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Dans une lettre publiée sur Facebook, le ministre de la Santé, Christian Dubé, semble se déresponsabiliser des problèmes actuels vécus dans le réseau de la santé et des services sociaux et tente de rassurer la population sur la mise en œuvre de son Plan.
Or, il manque deux ingrédients cruciaux dans cette missive : les actions concrètes et les résultats! Il y a déjà 9 mois que le Plan a été rendu public. Sur le terrain, patients et travailleurs sont loin de sentir la « mini-révolution » promise. À nos yeux, nous sommes devant un problème de qualité des politiques publiques, lesquelles ressemblent davantage à des exercices de communication. Pourtant, les solutions existent et les valeureux travailleurs du réseau s’époumonent depuis des années à nous les transmettre.
Agences de placement privées
Récapitulons : la CAQ avait promis de serrer la vis aux agences de placement privées en réduisant substantiellement leur recours; c’est plutôt le contraire qui s’est avéré. Selon les derniers chiffres, 2400 personnes exerçaient la profession principalement auprès d’agences de placement ou de soins privés, le plus haut niveau depuis 10 ans. Ainsi, l’exode vers les agences se poursuit, cannibalisant toujours davantage notre réseau public et nous coûtant une fortune en fonds publics.
Conditions de travail
Ce phénomène d’exode vers les agences privées est directement lié à une autre promesse rompue de la CAQ : l’État n’est pas un employeur de choix. Le temps supplémentaire obligatoire est toujours en vigueur et les infirmières, notamment, se sentent captives dans un réseau où la conciliation travail-famille est impossible. À cela s’ajoute l’absence de ratio patient-soignant sécuritaire et l’épuisement professionnel endémique.
Rappelons qu’il n’y a jamais eu autant d’infirmières au Québec: on en compte 75 600 ayant un emploi. Où sont-elles? Une partie de la réponse réside dans les conditions de travail inhumaines et la fuite vers le privé. En effet, les absences de longue durée pour maladie et celles consécutives à un accident de travail ont bondi respectivement de 63 % et de 78 % depuis 2015 et le recours à la main-d’œuvre indépendante a bondi de 306 %, atteignant maintenant 1 G$ pour le trésor québécois. Ces données, elles sont tirées du Plan de M. Dubé.
Solutions pour la première ligne non appliquées
De nombreuses solutions concrètes pour renforcer l’accès aux soins de première ligne ont été soumises dans les dernières années pour désengorger les urgences. Alors que la clinique d’IPS SABSA à Québec faisait ses preuves, ce n’est que la semaine dernière qu’une autre clinique indépendante d’IPS a été implantée, et ce, uniquement dans la région métropolitaine. De surcroit, la question de l’autonomie professionnelle est un élément qui stagne et qui a des impacts majeurs sur l’engorgement des urgences : il est absolument illogique qu’un audiologiste ne soit pas autorisé à diagnostiquer une otite et qu’un psychologue ne puisse pas poser de diagnostic en santé mentale. Depuis 2018, la CAQ aurait pu agir.
La CAQ doit cesser ses exercices de communication, prendre ses responsabilités et mettre en place des actions concrètes pour atteindre des résultats. Nous sommes conscients que le défi est important vu la taille de la machine. Toutefois, nous avons espoir que la situation pourra se stabiliser si les solutions concrètes qui émanent du terrain sont enfin appliquées. À bout de souffle, le personnel n’attend qu’on lui tende enfin l’oreille et la main.
Joël Arseneau, député des Îles-de-la-Madeleine et porte-parole du Parti Québécois en matière de Santé, services sociaux et soins à domicile