Offensive éclair de 2 milliards $ pour robotiser nos entreprises
IQ frappe très fort afin que le Québec rattrape au plus vite son retard en la matière
Deux milliards de dollars investis, 688 projets, 3678 accompagnements... Le PDG d’Investissement Québec, Guy LeBlanc, met les bouchés doubles pour que nos entreprises se robotisent d’urgence aux quatre coins du Québec.
« Pendant des décennies, on s’est concentré sur notre marché local. Pas trop d’ambition. On était plus à gérer nos coûts, dégager une marge de profits et protéger notre patrimoine », explique Guy LeBlanc, PDG d’Investissement Québec (IQ) au cours d’un entretien avec Le Journal à ses bureaux, hier.
« C’était le Québec d’une autre époque. Le Québec d’aujourd’hui veut aller se battre sur le marché mondial. Il est obligé de se comparer », poursuit-il.
Alors que le Québec traînait encore de la patte dans la robotisation, Guy LeBlanc a été interpellé par une étude de Sous-Traitance Industrielle Québec (STIQ) montrant que nos PME manquaient de temps et de compétences à l’interne pour plonger dans l’automatisation.
Aux yeux d’IQ, le virage techno est bien amorcé. À mi-parcours, sa cible d’investissements est déjà atteinte à 84 %. Quelque deux milliards de dollars ont déjà été injectés dans des projets sur les 2,4 milliards $ prévus en à peine deux ans.
De fait, entre 2014 et 2019, le nombre de robots installés par année s’était déjà accru de 275 %, selon une étude de l’Institut de recherche en économie contemporaine (IREC), menée pour IQ.
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Avant la prochaine décennie
Aujourd’hui, ces progrès et les milliards donnent des résultats. Le Québec pourrait rattraper son retard mondial en matière de robotisation d’ici 2030.
Pour Jean-François Boursier, chef de la direction financière du Groupe ADF, l’analyse de Guy LeBlanc n’a rien de théorique : il l’a vécue de l’intérieur.
« Ces derniers 18 mois, on parle d’un investissement de 30 millions $, incluant l’achat du plus gros robot de fabrication de structure d’acier au monde », illustre celui qui a poussé un projet vital dans la PME québécoise.
« Notre robot n’a pas coupé d’emplois. Au contraire, ça nous a permis d’être plus efficaces et de venir contrer la pénurie de main-d’œuvre », ajoute-t-il.
« On ne fait pas de politique »
Pour Guy LeBlanc, la recette du succès d’Investissement Québec ne vient pas seulement de l’argent mis à la disposition des entreprises, mais en bonne partie de la refonte de l’organisation, qui a permis d’être plus agile en région.
« On ne fait pas de politique ici. On fait des affaires », mentionne en cours d’entrevue au Journal le grand patron d’Investissement Québec .
Quand on évoque la filière batterie, Guy LeBlanc rappelle que le Québec a fait un pas de géant en parvenant à mieux contrôler ses ressources ces dernières années (voir autre texte ci-bas).
« On n’est pas là pour vendre nos ressources. On est là pour les transformer et générer le maximum de retombées au Québec pour l’enrichir », lance-t-il.
Alors qu’entre 2 et 3 milliards $ de fonds publics de Québec et d’Ottawa pour des investissements totaux de 10 milliards $ iront à la filière batterie, Guy LeBlanc jure que de grosses annonces s’en viennent.
« En 2023, il va y avoir en masse de pelletées de terre », promet-il.
Alors qu’il était de 7,5 % en 2014, le Québec manufacturier a ainsi atteint 20 % des installations totales de robots au pays en 2019, ce qui correspond au poids économique du Québec au sein du Canada, selon IQ.
La domination chinoise dans l’industrie minière d’ici, c’est fini
Le Québec est de plus en plus maître chez lui quand vient le temps de contrôler ses ressources naturelles clés nécessaires à la transition énergétique, selon le grand patron d’Investissement Québec (IQ).
« Quand je suis arrivé en poste, la plupart de nos mines de spodumène, que l’on transforme en lithium, c’étaient des Chinois qui étaient propriétaires », souligne au Journal Guy LeBlanc, PDG d’ Investissement Québec.
Cap sur la transformation
Au moment où nos ressources minières sont de plus en plus alléchantes, le Québec a bel et bien réussi à reprendre peu à peu leur contrôle, selon lui.
« Les propriétés étaient détenues pour la plupart par des Chinois. En 2019, c’était le cas. Aujourd’hui, ils n’ont plus de propriétés dans nos mines ici », poursuit Guy LeBlanc.
« On a de bons partenaires qui ne partent pas avec des bateaux de spodumène vers la Chine, mais qui vont transformer ici et les usines seront construites ici », insiste celui qui discute avec des entreprises coréennes et japonaises.
La filière batterie à cœur
Au Journal, M. LeBlanc rappelle qu’il s’est surtout joint à IQ pour développer la filière batterie. Alors que 60 % de la valeur de la batterie vient de l’anode et de la cathode, le Québec est bien positionné dans cette course, souffle-t-il.
Pour y arriver, il raconte avoir montré ses couleurs dès ses premiers jours en poste en prenant le téléphone pour appeler le PDG d’Hydro-Québec.
« Je lui ai dit : “Éric [Martel], il faut que tu deviennes mon meilleur ami”, parce qu’Hydro-Québec et Investissement Québec n’avaient pas un historique de travailler ensemble tant que ça. Aujourd’hui, on est frère et sœur », conclut-il.