Pierre Fitzgibbon n’en a que faire de vos règles
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Le ministre de l’Économie est donc parti chasser le faisan sur une île privée, avec des gens d’affaires, notamment des personnes liées à des entreprises ayant reçu des subventions gouvernementales.
A-t-il payé son expédition de chasse de luxe? On ne le sait pas et le principal intéressé ne semble pas être pressé de répondre à cette importante question.
Le ministre affirme qu’il participe à cet événement annuel depuis plus de 20 ans et qu’il espère même pouvoir y retourner. Soit. Mais qui parlait au juste? Le ministre de l’Économie qui octroie des subventions et qui a des règles éthiques à respecter, ou le citoyen homme d’affaires Fitzgibbon qui a toute la latitude et toute la liberté de faire ce qu’il a bien envie de faire, pourvu qu’il demeure un simple citoyen.
Et c’est un peu entre les deux rôles où le ministre semble perdre de vue ses responsabilités. Il accumule les enquêtes et les rapports de la commissaire à l’éthique les uns après les autres et cela ne semble pas lui faire friser le moindre poil. Nous avons compris qu’il n’en a que faire des règles auxquelles les 124 autres députés doivent se soumettre. Mais le premier ministre, lui, est-il à l’aise devant l’indifférence de son superministre aux règles élémentaires d’éthique et d’apparence de conflit d’intérêts?
Le premier ministre lui-même est un homme d’affaires respecté, au carnet d’adresses bien garni, qui aurait pu recevoir ce genre d’invitation. L’aurait-il acceptée? Et si la réponse est positive, l’aurait-il déclaré à la commissaire à l’éthique.
Poser la question, c’est y répondre. Le caucus caquiste doit en avoir son casque de devoir défendre les curieuses décisions de leur collègue de l’économie. D’autant plus que cela se répète souvent et que les réponses du principal concerné devant les questions légitimes des journalistes sont teintées d’un tel mépris et d’une telle arrogance, que c’en est insultant.
Pierre Fitzgibbon est un homme de grand talent, dont l’expérience, les connaissances et le réseau sont précieux pour le Québec et son économie. Néanmoins, son succès, aussi brillant soit-il, ne le dispense pas des règles du jeu auxquelles le commun des mortels, ses collègues, se soumettent.
Le premier ministre devra reconnaître que son ami est allé trop loin, encore une fois. Il devra surtout lui demander de laisser tomber l’arrogance quand vient le temps de répondre à des questions éthiques.