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Bars et restaurants: 137 condamnations liées à la COVID

La Régie des alcools a suspendu le permis de plusieurs bars et restos qui n’ont pas respecté les règles sanitaires

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Bar Turn me on ou Allume-moi
Photo Pierre-Paul Poulin Le bar Allume-moi, qui est situé au premier étage de cet édifice de la rue Crescent, à Montréal, a reçu la visite des policiers à 12 reprises en moins de deux mois au début de l’année pour des infractions aux règles sanitaires.

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Plus de 130 bars et restaurants du Québec ont vu leurs permis d’alcool être suspendus ou résiliés depuis le début de la pandémie parce qu’ils n’avaient pas respecté les règles sanitaires. 

Depuis mars 2020, la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ) a rendu environ un jugement chaque semaine concernant le non-respect des mesures sanitaires dans les bars et restaurants. Environ 45 autres dossiers en lien avec cet enjeu doivent encore être entendus, confirme la RACJ.

Notre Bureau d’enquête a compilé et analysé quelque 137 décisions – touchant 133 établissements – pour arriver à ce nombre. Soixante-huit de ces établissements se trouvent à Montréal et une dizaine d’autres sont dans la grande région de Québec.

Absence de couvre-visage, preuve de vaccination inexistante et distanciation physique non respectée sont au nombre des fautes commises par les tenanciers ou leurs clients.

Il se fout des règles

À cet égard, un propriétaire de bar de Montréal a su se démarquer du lot pour les mauvaises raisons. Selon une décision de la RACJ, les policiers de Montréal ont dû intervenir 12 fois en moins de deux mois au bar Allume-moi du centre-ville, dont trois fois en trois jours en février dernier. 

Le bar Allume-moi
Photo Pascal Dugas Bourdon
Le bar Allume-moi

Selon le jugement, le propriétaire Nabil Rabie a répondu «oui» à une enquêtrice de la section moralité du SPVM qui lui demandait s’il se «fout des règles». 

Il a aussi souligné qu’il «ne croit pas à la COVID-19 ni aux mesures sanitaires». M. Rabie espérait obtenir un permis d’alcool après en avoir eu un temporaire, mais sa demande a été rejetée. 

«La preuve soumise démontre une kyrielle de manquements concernant la santé publique et une nuée d’infractions reliées à la [consommation de] chicha, et ce, malgré les nombreux avertissements», conclut la RACJ dans sa décision rendue le 10 novembre. 

Pour l’embêter?

Le cas du resto-bar Allume-moi, aussi connu sous le nom de resto lounge Turn me on, est particulier parce que les événements de manquements aux règles de santé publique «se sont produits sur des périodes ahurissement courtes», note le régisseur Marc Savard dans sa décision. 

Lors de l’audience, M. Rabie a reconnu que «quelques infractions» ont eu lieu dans son bar, mais «qu’il est un nouvel exploitant et qu’il ne connaissait pas toutes les règles». En entrevue avec notre Bureau d’enquête, il a indiqué ne pas être en accord avec la décision. Il a aussi accusé les policiers d’avoir «menti» et d’être intervenus «pour le plaisir», pour «l’embêter». 


Nombre de condamnations : 137 (133 établissements)

Nombre de condamnations sur l’île de Montréal : 68

Moyenne du nombre de jours de suspension par condamnation pour non-respect des mesures sanitaires uniquement : 10,2

Nombre de condamnations par année

2022 : 82

2021 : 50

2020 : 5 

Source : CANLII, en date du 30 novembre


EXEMPLE D’INFRACTIONS AUX RÈGLES 

Difficile distanciation

En septembre 2021, les policiers ont surpris une danseuse alors qu’elle effectuait une fellation à un client dans un isoloir, au bar le Moulin d’Or, à Frampton en Beauce. Durant cette même visite, ils ont aussi constaté qu’une danseuse était assise sur un client au bar. 


Trahis par Instagram

Des policiers de Trois-Rivières ont utilisé une vidéo diffusée en direct sur les réseaux sociaux afin d’intervenir dans un bar qui contrevenait aux mesures sanitaires. Le 20 septembre 2020, ils ont remarqué sur Instagram un influenceur en train de consommer des boissons alcooliques avec d’autres personnes au bar Le Temple. Environ 30 minutes plus tard, les policiers sont intervenus. 


Jouer à cache-cache

En juin 2021, des policiers qui se sont présentés au bar Phoenix ont découvert tous les clients entassés dans une pièce de rangement. Le gérant avait pourtant affirmé, quelques minutes plus tôt, que seuls des employés affairés à fermer l’établissement étaient sur les lieux.  


Bill Clinton était là ?

Un bar de danseuse de Lanaudière a vu son permis d’alcool être suspendu deux jours pour avoir notamment admis un client qui n’était pas adéquatement vacciné. Le propriétaire du Body Girl de Berthierville s’est défendu en indiquant avoir fait l’achat d’un appareil qui numérise les cartes des visiteurs pour s’assurer de leur identité. Il l’avait acquis en 2020 «parce qu’il avait constaté des inscriptions de noms futiles au registre, comme Bozo le clown ou Bill Clinton», peut-on lire dans la décision de la RACJ.  

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