Déplacements «de plus en plus risqués» pour les piétons
Coup d'oeil sur cet article
La sécurité des piétons dans le quartier Ville-Marie est compromise depuis que le chantier du tunnel Louis Hyppolite-La Fontaine a poussé de nombreux automobilistes à emprunter ses rues résidentielles pour gagner quelques minutes dans leur trajet.
• À lire aussi: Trop d’automobilistes se contrefichent des piétons
• À lire aussi: Hécatombe chez les piétons en décembre dans la région de Montréal
« Ça devient de plus en plus risqué de se déplacer comme piéton », résume François Dandurand, porte-parole de l’Association pour la mobilité active de Ville-Marie.
Depuis le début des travaux dans le tunnel le 31 octobre dernier, il a remarqué une forte hausse du nombre de voitures dans son arrondissement. Il croit notamment que c’est à cause des automobilistes qui sont plus nombreux à vouloir emprunter le pont Jacques-Cartier.
« Les automobilistes sont comme frustrés. Les piétons se font klaxonner. Les gens ne font pas bien leurs arrêts et ils manquent de frapper les piétons. On voit des close calls constamment. »
C’est justement tout près du pont Jacques-Cartier, sur la rue Parthenais, que la petite Maria Legenkovska a été happée mortellement mardi alors qu’elle traversait à l’intersection de la rue de Rouen.
- Ne ratez pas l'émission de Benot Dutrizac, tous les jours 11 h 00, en direct ou en balado sur QUB radio :
Sauver « quelques minutes »
En entrevue avec Le Journal, la responsable de la mobilité et du transport au comité exécutif de la Ville de Montréal, Sophie Mauzerolle, a reconnu que le chantier du tunnel avait des effets collatéraux.
« On a beau y avoir travaillé en amont, ça a un impact. Dans les dernières semaines, on a mis en place des mesures. On est en mode solution. »
M. Dandurand explique que ce n’est pour gagner que « quelques minutes » que les automobilistes s’engouffrent dans son quartier avec cette « circulation de transit ».
« Les gens avec leurs applications comme Waze et Google Maps se font montrer des raccourcis pour que ce soit un petit peu moins long. »
Solutions réclamées
Sandrine Cabana-Degani, directrice générale de Piétons Québec, fait le même constat.
« Le chantier vient ajouter du débit de circulation et de la vitesse avec des gens impatients. Ce sont les deux principaux facteurs d’insécurité des piétons. »
François Dandurand voudrait que l’arrondissement mette en place des inversions de sens uniques sur les rues afin de « décourager » la circulation de transit.
D’autres solutions sont aussi mises de l’avant, comme les rues-écoles.
Ce projet-pilote testé devant trois écoles montréalaises qui consiste à piétonniser la rue devant l’établissement a permis de réduire le nombre de voitures de 50 % dans les rues avoisinantes.
« Partout où on l’a essayé, cette intervention-là, elle fonctionne », résume Mikael St-Pierre du Centre d’écologie urbaine de Montréal, qui coordonne ce projet.
–Avec Dominic Cambron-Goulet