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Développement de la bombe atomique: saviez-vous que Montréal a joué un rôle important?

Bonnes adresses université McGill
Photo d'archives, Agence QMI Le labo secret dans une aile de l’Université de Montréal

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Depuis le début des hostilités en Ukraine, il se passe rarement plus d’une semaine sans qu’on évoque les dangers d’une guerre nucléaire. C’est une occasion de rappeler que Montréal a joué un rôle important dans le développement de la première bombe atomique.

Pour des raisons de sécurité (bombardements, crainte d’invasion allemande), Churchill voulait déplacer le programme secret de recherche nucléaire – nom de code Tube Alloys – de l’université Cambridge vers les États-Unis. Mais les Américains étaient réticents à partager avec des étrangers « non anglo-saxons » leurs recherches atomiques. Dans le groupe de Cambridge, un seul des six scientifiques chevronnés était d’origine britannique. On décida finalement d’installer les chercheurs du groupe Tube Alloys à Montréal.

Encore plus méfiants que les civils, les militaires qui prennent en main le programme américain exigent que Montréal oriente ses recherches dans le sens limité qu’ils proposent. Les activités du labo marquent le pas, et Ottawa envisage de fermer boutique. Heureusement, à la Conférence de Québec de 1943, Churchill et Roosevelt s’entendent pour intégrer le groupe de Montréal au « projet Manhattan », nom de code des recherches américaines sur la bombe nucléaire. 

Contribution majeure

Des scientifiques français qui avaient fui l’occupation allemande apportèrent une contribution majeure au programme, dont Bertrand Goldschmidt, Hans Halban et Lew Kowarski. Ces deux derniers, en 1940, passèrent en Angleterre avec du radium, de l’eau lourde et leurs découvertes. 

Bertrand Goldschmidt, un des pères de la bombe A française
Photo de l’Agence internationale de l’énergie atomique
Bertrand Goldschmidt, un des pères de la bombe A française

C’est un prof de la Polytechnique, ami du chimiste nucléaire Goldschmidt, qui lui suggère que le groupe s’installe dans une aile encore inoccupée de l’Université de Montréal. 

Frédéric Joliot-Curie, Hans Halban, Lew Kowarski - Paris 1940
Photo Commissariat à l’énergie atomique
Frédéric Joliot-Curie, Hans Halban, Lew Kowarski - Paris 1940

Goldschmidt et deux collègues de Montréal révéleront à De Gaulle, de passage au Canada en juillet 1944, l’existence du programme nucléaire secret et ses implications militaires.

Dans son livre Pionnier de l’atome, Goldschmidt écrit que la plus forte quantité de polonium jamais jusqu’alors préparé a été transportée par un officier américain de Montréal à Los Alamos pour servir à la mise au point du détonateur de la bombe atomique « Fat Man ». 

La  bombe nucléaire « Fat Man» - août 1945
Photo US NATIONAL ARCHIVES
La bombe nucléaire « Fat Man» - août 1945

Après que les locaux du laboratoire furent rendus à l’université, leur plancher et leurs murs durent être décontaminés en raison de leur forte radioactivité, selon Goldschmidt. 

L’un des pères de la bombe atomique française, ce dernier participa à la création du Commissariat français à l’énergie atomique avant de présider le conseil des gouverneurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique de l’ONU. 

Hans Halban, un français d’origine autrichienne, dirigea le laboratoire de Montréal. En 1939, il faisait partie l’équipe de Frédéric Joliot-Curie à Paris qui établit la possibilité théorique de réactions nucléaires en chaîne et de la production d’énergie nucléaire. Il recrutera le scientifique québécois Pierre Demers qui avait aussi collaboré avec Joliot-Curie à Paris. Halban dirigea la construction du laboratoire nucléaire d’Orsay près de Paris. 

Un autre scientifique français de Montréal, Lew Kowarski a dirigé à Chalk River près d’Ottawa la construction du premier réacteur nucléaire à l’extérieur des États-Unis. Après la guerre, il participa au développement du premier réacteur nucléaire français. 

Les espions soviétiques

L’URSS profitera des recherches de Montréal pour développer sa bombe atomique. Deux scientifiques-espions communistes y participaient. 

Allan Nunn May
Photo Wikipédia
Allan Nunn May

La trahison du Britannique Allan Nunn May lui mérita 10 ans de travaux forcés en 1946. Libéré en 1952, il est décédé à l’âge de 91 ans à Cambridge en 2003. Quand celle du scientifique italien Bruno Pontecorvo fut découverte en 1950, il réussit à faire défection en Union soviétique.

Bruno Pontecorvo
Photo Wikipédia
Bruno Pontecorvo

 

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