Un pédophile demande à se faire interdire l’accès au web jusqu’à sa mort
Robert Laporte, 71 ans, avait des millions de fichiers de pornographie juvénile dans ses ordinateurs lorsqu’il s’est dénoncé lui-même à la police
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Un septuagénaire, qui a téléchargé des millions de fichiers de pornographie juvénile sur plusieurs années et qui dit «avoir peur» de lui-même, a demandé à un juge de lui interdire l’accès à un ordinateur ou à Internet jusqu’à sa mort, lui qui passera les deux prochaines années en prison.
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Robert Laporte s’était livré lui-même aux autorités en décembre 2020.
Dans les 14 ordinateurs et disques durs perquisitionnés chez lui, 4 millions de photos pédopornographiques et 1 million de vidéos ont été trouvées. L’homme a admis lors de son plaidoyer de culpabilité en mars dernier avoir consommé assidument ce type de fichiers illicites depuis 1997.
«Je me suis dénoncé parce que je n’en pouvais plus», a témoigné jeudi l’homme de 71 ans au moment de recevoir sa peine. «C’était la meilleure façon pour moi de ne pas continuer.»
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«Un enfant derrière chaque image»
Saluant cette décision, le juge Jean-Philippe Robitaille a entériné la suggestion commune des parties de condamner l’accusé à une peine de détention de deux ans moins un jour, tout en précisant que sa dénonciation n’effaçait pas tout.
«Le plaidoyer a une limite, ça ne peut pas effacer les infractions que vous avez commises», a insisté le magistrat, lui rappelant les ravages de l’exploitation sexuelle des enfants et sa responsabilité dans celle-ci.
«Chaque fois que vous avez consommé ça, vous avez contribué à une industrie qui abuse, qui agresse des enfants. Il y a un enfant derrière chaque image et sa vie est à jamais perturbée», a martelé le juge Robitaille. «Vous avez une responsabilité dans ces agressions-là, une responsabilité indirecte, mais une responsabilité quand même.»
Visiblement repentant, le septuagénaire a acquiescé aux propos du juge.
«Je suis d’accord avec vous. Je n’ai plus la même pensée que quand je me suis dénoncé. Je commence à comprendre le tort que j’ai fait», a confié Laporte, qui se déplace en fauteuil roulant en raison de problèmes de santé.
Malgré son cheminement, l’homme a imploré le juge de prononcer des interdictions pour mettre toutes les chances de son côté, en espérant ne plus jamais replonger dans son vice pédophile.
«Je ne sais pas si je devrais dire ça, mais j’ai peur de moi», a confessé l’accusé. «J’aimerais ça que vous m’interdisiez d’avoir accès à Internet et à un ordinateur jusqu’à ce que je décède, comme ça on va être certains [que je ne recommencerai pas].»
Reconnaissance des faits
L’avocate de l’accusée a ajouté que son client «veut de l’aide» et qu’il est «prêt à suivre un programme de thérapie».
«Il a toujours respecté ses conditions de remises en liberté qui étaient sévères. Dès le départ, il savait qu’il purgerait une peine de détention et il a toujours eu une reconnaissance complète des faits», a souligné Me Julie Bégin, admettant toutefois que son client serait à risque si on lui donnait accès à Internet.
«Il est conscient qu’il ne doit pas jouer avec le feu [...] J’estime que si on lui interdit l’accès, le risque de récidive est très faible.»
374 000 fichiers d’images et 14 000 fichiers vidéo ont été analysés en preuve, un faible pourcentage du total des éléments retrouvés dans le matériel de Robert Laporte. Lors de l’enregistrement de son plaidoyer, il avait été expliqué que, vu l’ampleur des téléchargements, l’analyse d’une infime partie serait tout à fait suffisante pour construire une preuve solide.