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Un premier Noël loin de l’Ukraine pour des réfugiés qui essaient de trouver du réconfort

GEN - NATALIA SLANA
L’Ukrainienne Vladyslava Hrynchuk et son conjoint Yevgenii. Photo Martin Alarie


Loin de leurs proches et de leur pays, des Ukrainiens trouveront un peu de réconfort pour ce premier Noël au Québec dans la famille qui les a accueillis après avoir fui la guerre.

« C’est très particulier et difficile pour nous cette année, parce qu’on a quitté notre pays et que normalement nous célébrons [Noël] avec ma famille, mais là, nous sommes ici sans eux », laisse tomber dans un français hésitant Vladyslava Hrynchuk, 33 ans.

Elle est arrivée au Québec en juin dernier avec son mari et ses deux enfants de 3 ans et 6 ans.

C’est chez leur cousine Nataliia Slavna, à McMasterville sur la Rive-Sud de Montréal, qu’ils ont trouvé refuge lorsqu’ils sont arrivés au Canada avec deux valises remplies du strict nécessaire.

« J’ai accueilli 13 personnes dans mon sous-sol : ma mère, ma sœur, son mari et leur enfant, mon cousin, sa femme et leur enfant, et des amis », explique Mme Slavna, qui travaille comme planificatrice chez Demers Ambulance, en regardant un à un ses proches assis autour de la table de la salle à manger.

« Je me suis rendu compte que ma maison était vraiment trop petite », dit-elle en riant, alors qu’elle s’apprête à servir douze plats traditionnels ukrainiens, symbolisant les douze apôtres au dernier repas.

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Nataliia Slavna sert des petits plats typiques de son pays. Photo Martin Alarie


Réconfort traditionnel

Après avoir offert à tous une tasse de koutia (un plat de graines bouillies avec du miel et des noix), tout le monde se sert des varenyky (raviolis au fromage ou aux pommes de terre), des holubtsi (choux farcis), de lard fumé, ou encore de la salade vinaigrée ou des champignons.

Pour Mme Slavna, installée au Québec depuis neuf ans, il était impensable de ne pas accueillir tout le monde chez elle pour les Fêtes.

« Ils ont besoin de soutien, de se sentir chez eux, c’est très important surtout pendant les Fêtes. Alors on prépare des cadeaux et un repas traditionnel ensemble. C’est important d’être ensemble », affirme la femme de 38 ans.

Comme en URSS

Surtout que c’est la première fois qu’ils célébreront Noël un 25 décembre.

« Avant, on faisait Noël le 6 janvier, à cause de l’Union soviétique qui le fait à cette date. Mais maintenant, on retourne aux traditions parce qu’on ne veut plus rien avoir à faire avec eux [les Russes] », soutient Mme Hrynchuk, qui était avocate en Ukraine.

Personne autour de la table ne s’attendait à ce que la Russie — dont on ne prononce pas le nom dans la maison — envahisse leur pays le 24 février 2022.

« Ça a vraiment été un choc. Du jour au lendemain, notre vie normale a disparu », explique Vladyslava Hrynchuk, qui vivait près de Boutcha, au nord de Kyïv, et qui a fui par la Hongrie avec sa petite famille.

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Photo Martin Alarie

Cachée dans une cave

La mère de Nataliia Slavna, Tetiana Osipenko, 59 ans, a pour sa part connu les bombardements.

« Elle a dû se cacher dans une cave avec l’un de ses petits-fils. Elle a pris un sac, les passeports, une bouteille d’eau et a fui en marchant jusqu’à la frontière polonaise », raconte Mme Slavna, dont les grands-parents sont encore en Ukraine.

Mais malgré la difficulté de voir chaque jour ce qui se passe chez eux, pas question de baisser les bras et se laisser abattre.

Depuis le mois de septembre, tous ont commencé des cours de francisation auxquels ils se rendent chaque jour. Les enfants, eux, ont commencé l’école.

« On a dû laisser toute notre vie, et on n’a pas d’autre choix que de la recommencer ici, parce que la situation en Ukraine est très difficile. On ne retrouvera pas notre pays comme on l’a quitté », confie en français Mme Hrynchuk, en retenant ses larmes.

« Maintenant, on veut tout faire pour aider », ajoute-t-elle, en expliquant être touchée par l’aide et le soutien des Québécois face à l’horreur qu’ils vivent.

Redoubler d’entraide avec les Fêtes de fin d’année pour les proches restés au pays

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Photo fournie par Svitlana Shulga

Des Ukrainiens à Montréal redoublent d’efforts pour récolter des fonds à envoyer dans leur pays en guerre pour aider leur proche pendant les Fêtes.

« C’est très particulier cette année parce qu’on a tous de la parenté là-bas, on a des amis ou de la famille là-bas. La guerre nous touche tous, on a tous une connaissance qui est au front », explique Svitlana Shulga, une ukrainienne installée à Montréal depuis 23 ans.

Chaque année, le 19 décembre, cette dernière et de nombreux membres de la communauté ukrainienne montréalaise célèbrent l’arrivée de Saint-Nicolas, qui amène les cadeaux de Noël dans certains pays européens.

« C’est une tradition depuis des années, cette fête-là est toujours organisée et il y a toujours un repas qui est servi sur commande. C’est quelque chose de très traditionnel qui permet de maintenir la culture pour ceux qui sont installés ici depuis longtemps », raconte Mme Shulga.

Chaque année, une équipe de bénévoles se mettent derrière les fourneaux pour préparer des plats typiques ukrainiens à la Fédération Nationale Ukrainienne comme des pierogis, de la koutia, du bortsch ou encore des crêpes aux champignons.

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Photo fournie par Svitlana Shulga

Noël différent

Mais cette année, les célébrations de Noël ont pris une toute autre dimension avec l’invasion de la Russie et le début de la guerre le 24 février dernier.

« Avec ce qui se passe là-bas, tout le monde s’organise pour lever des fonds pour aider les gens en Ukraine mais aussi les nouveaux arrivants qui ont fui la guerre. Alors cette année, on a décidé de jumeler notre repas de Noël avec la levée de fonds », explique Mme Shulga.

Tous les profits iront directement en Ukraine, affirme-t-elle.

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Photo fournie par Svitlana Shulga

Entraide

Et selon Mme Shulga, l’initiative a plu puisqu’elle affirme avoir eu beaucoup plus de bénévoles.

« Je pense que 95% des femmes qui sont venues cuisiner cette année sont arrivées dans les derniers mois à Montréal à cause de la guerre », affirme-t-elle.

Et c’est aussi le nombre de commande qui a radicalement augmenté puisqu’elle estime avoir reçu le double de commande par rapport aux années précédentes.

« On a eu beaucoup de commandes de Québécois qui voulaient gouter nos plats et découvrir un peu plus notre culture », se réjouit Mme Shulga.

« On est vraiment choyé, on reçoit beaucoup d’aide des Québécois », ajoute-t-elle.

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