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Cryptomonnaies: là pour de bon malgré une baisse de 62% en douze mois

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Même si la valeur totale des cryptomonnaies a piqué du nez de 62% cette année pour flirter avec les 881 milliards $, cette nouvelle catégorie d’actifs commence à s’imposer malgré une année tumultueuse.

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«C’est le dégonflement d’un marché haussier qui durait depuis 2020. C’est un retour sur terre», résume Martin Lalonde, président et gestionnaire de portefeuille de Rivemont. 

À son plus haut, en novembre 2021, la valorisation des cryptomonnaies dépassait les 3000 milliards, alors qu’au 31 décembre 2021, sa valeur avait fondu à 2300 milliards $. Elles valent aujourd’hui 881 milliards $, note-t-il.

«C’est un dur réveil», convient Ryan Tomicic, associé au bureau d’avocat BLG.

«Les promesses d’intérêts et de retour sur investissement de 20%, 30%, 40% ou 50% sans risque, ce n’était pas la réalité», poursuit-il.

Manque d’encadrement

Pour Charlaine Bouchard, titulaire de la Chaire de recherche sur les contrats intelligents et la chaîne de blocs, le ménage a été fait. L’industrie se relèvera.

«Le problème, c’est la fraude. Ce n’est pas la technologie», analyse la professeure de l’Université Laval.

«Les cryptos sont là pour durer. Ce qu’il manque, c’est l’encadrement», dit-elle.

D’après Alexandre F. Roch, professeur en finances à l'École des sciences de la gestion de l'UQAM, on peut parler de «l’éclatement de la bulle spéculative», même si le bitcoin vaut toujours 23 000 $.

«On a vu avec Celsius la notion de “panique bancaire” que l’on n’avait pas vue depuis des décennies. Dès qu’il y a une rumeur qui part, qu’elle soit vraie ou non, les gens veulent retirer leur argent», observe-t-il.

Résultat, des plateformes d’échanges comme Celsius, FTX et même Binance ont dû suspendre tour à tour leurs retraits, ce qui a refroidi les investisseurs.

«Quand vous transférez vos fonds à l’étranger, ne vous attendez pas à toutes les protections que l’on a chez nous», ajoute Alexandre F. Roch.

Comme en 1933?

Selon Louis Roy, associé chez Raymond Chabot Grant Thornton et fondateur de leur pratique numérique Catallaxy, 2022 avait des airs des années 1930.

«Ce qui s’est passé cette année, ce n’est pas différent des cas de 1933 lorsqu’il y a eu les règles d’investissement en bourse», observe-t-il.

«Il manque de cheveux gris là-dedans: la gouvernance, les contrôles internes, le fait d’être plus posé dans des décisions», conclut l’homme avec philosophie.


L’Autorité des marchés financiers (AMF) donne de nombreux trucs sur son site web pour éviter d’être victimes de fraudes liées aux cryptoactifs.

La chute de Celsius

De nombreux scandales ont ébranlé la confiance des investisseurs du monde de la cryptomonnaie au cours de la dernière année, comme la chute brutale de Celsius, qui était dans les bonnes grâces de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ).

200 millions $. C’est le montant que la Caisse de dépôt et placement du Québec s’attend à perdre sur la plateforme de cryptomonnaies Celsius, qui avait pourtant «une équipe de direction solide qui place la transparence et la protection de la clientèle au cœur de ses activités», selon les mots du premier VP et chef des technologies de la CDPQ, Alexandre Synnett, en octobre 2021. Ensuite, Le Journal avait révélé que Celsius était sous la loupe de l’Autorité des marchés financiers (AMF), vu «les éléments soulevés par un certain nombre de régulateurs aux États-Unis». 

Cette photo de l’ex-PDG et fondateur de la « crypto-banque » Celcius, Alex Mashinsky, a été publiée il y a un peu plus d’un an, sur Twitter. À l’époque, Mashinsky était extrêmement actif sur les réseaux sociaux. En ce moment, il est très discret.
Photo AFP
Cette photo de l’ex-PDG et fondateur de la « crypto-banque » Celcius, Alex Mashinsky, a été publiée il y a un peu plus d’un an, sur Twitter. À l’époque, Mashinsky était extrêmement actif sur les réseaux sociaux. En ce moment, il est très discret.

Une cascade de scandales avait par la suite éclaboussé la firme. Allégations de fraudes à la Ponzi, arrestation de son chef de la direction financière, fuite de données... la plateforme de cryptomonnaies avec de juteux taux d’intérêt de plus de 10% a connu une chute violente. En juin dernier, les comptes de 1,7 million de clients ont été bloqués, et depuis ils n’ont jamais pu retirer leurs billes. Après la faillite de l’entreprise en juillet dernier, son fondateur et ex-PDG, Alex Mashinsky, qui aimait porter un tee-shirt sur lequel on pouvait lire: «Les banques ne sont pas vos amies», pour narguer les institutions financières traditionnelles, est moins loquace qu’avant sur les réseaux sociaux. Enfin, rappelons que le mois dernier, Le Journal rapportait que le patron responsable de l’investissement raté de la Caisse dans Celsius Network, Alexandre Synnett, est celui qui a eu la plus grosse augmentation de rémunération en 2021. En plus de son salaire de 370 000 $, il a eu des primes de rendement de 900 000 $, pour un total de 1,27 million $, soit 32,9% de plus qu’en 2020.

L’effondrement de FTX

Sa fortune avoisinait les 23 milliards $ en septembre dernier, selon Forbes. Le jeune dirigeant à la crinière noire ébouriffée faisait la une des magazines d’affaires. On l’encensait comme entrepreneur. Certains le voyaient même comme le prochain Warren Buffett, rien de moins. Mais en novembre dernier, le rêve a tourné au cauchemar. La plateforme d’échange du jeune multimilliardaire de 30 ans Sam Bankman-Fried, FTX – la deuxième en importance –, était en faillite et son patron inculpé de fraude et de détournement de fonds. Le chien de garde américain des marchés financiers, la Securities and Exchange Commission (SEC), allait même jusqu’à l’accuser d’avoir «construit un château de cartes fondé sur la tromperie». 

Le fondateur et ancien grand patron de la plateforme de cryptomonnaie FTX Sam Bankman-Fried, peu après sa libération sous caution, jeudi. Bankman-Fried, qui est présentement en résidence surveillée, est soupçonné d’avoir organisé une gigantesque fraude.
Photo AFP
Le fondateur et ancien grand patron de la plateforme de cryptomonnaie FTX Sam Bankman-Fried, peu après sa libération sous caution, jeudi. Bankman-Fried, qui est présentement en résidence surveillée, est soupçonné d’avoir organisé une gigantesque fraude.

Au total, la Commodity Futures Trading Commission (CFTC) estime que plus de huit milliards $ US de comptes de clients de FTX ont été détournés. Arrêté dans le paradis fiscal des Bahamas, Sam Bankman-Fried, un donneur démocrate, a vite été extradé aux États-Unis, où il a dû payer une caution de 250 millions $ US pour être remis en liberté en attendant son procès. Si la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) n’avait pas investi dans la plateforme controversée, ce n’est pas le cas, dans la province de Doug Ford, du Régime de retraite des enseignants de l’Ontario (le fonds Teachers), qui y avait confié 75 millions $ US. «De récents rapports suggèrent une fraude potentielle menée chez FTX, ce qui est profondément préoccupant pour toutes les parties», avait réagi Teachers le mois dernier.

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