Que nous réserve 2023: une récession qu’on espère modérée
Girard

L’année 2022 a été ponctuée de chocs économiques multiples : la forte inflation, la guerre en Ukraine, les fortes hausses de taux d’intérêt, la débandade boursière, la chute marquée du marché des obligations, l’effondrement des cryptomonnaies, la flambée de l’essence, l’escalade du marché immobilier résidentiel...
Après avoir dramatiquement haussé leurs taux directeurs respectifs dans le but de contrer l’inflation, la Réserve fédérale américaine (Fed), la Banque centrale européenne et la Banque du Canada risquent maintenant de nous plonger en récession.
Alors que la Banque du Canada semble vouloir nous donner un répit en gardant son taux directeur à 4,25 %, les bonzes de la Fed, eux, ont laissé entendre qu’ils continueraient de resserrer la politique monétaire américaine. Leur prochain tour de vis pourrait faire bondir le taux directeur à 5 %.
Que les économies mondiale, américaine, canadienne ou québécoise tombent en récession en 2023, il n’y a pas de doute que les probabilités sont très élevées.
Le défi des banques centrales ? C’est de ralentir suffisamment leurs économies respectives de manière à ramener l’inflation vers les 2 à 3 %, tout en ne provoquant pas une grave crise économique. Facile à dire, mais pas facile à réaliser !
L’idéal
L’idéal dans les circonstances, ce serait un atterrissage de l’économie en douceur.
Selon les économistes de la Financière Banque Nationale, ce scénario serait envisageable, car la demande intérieure s’est refroidie, ainsi que le marché du travail et le marché résidentiel.
« Les consommateurs pâtissent simultanément d’une perte de pouvoir d’achat, d’un choc de paiements d’intérêt et d’un effet de richesse négatif sans précédent. À nos yeux, il ne sera pas nécessaire de maintenir les taux d’intérêt à de tels niveaux bien longtemps pour calmer l’inflation et nous nous attendons par conséquent à ce que la banque centrale doive les abaisser au deuxième trimestre l’an prochain. »
Compte tenu du resserrement monétaire, ils anticipent une stagnation de l’économie dans les trois prochains trimestres. Cela se traduirait par une croissance anémique de 0,7 % en 2023.
Pour leur part, les économistes du Mouvement Desjardins prévoient une récession courte et modérée. Mais une récession qui pourrait, disent-ils, s’étirer jusqu’au troisième trimestre.
« Les risques liés à nos perspectives demeurent orientés à la baisse, car les ménages sont de plus en plus confrontés à la réalité des coûts plus élevés de leurs dettes hypothécaires. »
La situation au Québec
Du côté du ministère des Finances du Québec, on se fait relativement optimiste en prévoyant pour 2023 une croissance du PIB réel de 0,7 % et une croissance des exportations en termes réels de 1,6 %. Et on anticipe une hausse d’inflation de 3,7 %, soit 5 points de pourcentage de moins que cette année.
Avec une aussi faible croissance économique, la création d’emplois devrait connaître une année modeste. Le ministère des Finances anticipe l’ajout d’à peine 31 000 emplois au cours de la nouvelle année. C’est 3,3 fois moins qu’en 2022 où la création d’emplois devait atteindre les 103 400.
Quant au taux de chômage, il devrait tourner autour de 5 %, en hausse d’un demi-point de pourcentage sur l’ensemble de 2022.
La croissance des salaires ralentira, passant de 10,5 % cette année à un maigre 3,5 % en 2023.
Le revenu disponible par habitant devrait rester au beau fixe ou presque, à 35 537 $.
L’immobilier
La hausse marquée des taux d’intérêt a sensiblement refroidi le marché immobilier résidentiel.
Bien des nouveaux acheteurs potentiels vont dorénavant attendre que les taux hypothécaires recommencent à baisser avant de se lancer à l’assaut d’une propriété.
Par voie de conséquence, le prix moyen des propriétés devrait subir des pressions à la baisse dans plusieurs régions du Québec. Du genre de 5 à 15 % par rapport au sommet historique d’avril dernier.
La construction d’habitations neuves va inévitablement ralentir.
Les obligations
Après une année 2022 vraiment poche, le marché obligataire des obligations négociables et le marché des autres titres à revenu fixe devrait possiblement retrouver en 2023 sa tendance à la hausse. Ou dans le pire des cas : cesser de perdre des plumes.
Il faut savoir que la valeur marchande des obligations négociables baisse lorsque les taux d’intérêt montent, et vice-versa, elle grimpe lorsque les taux baissent.
À moins d’une incroyable surprise, les taux d’intérêt vont bientôt cesser de monter. Et après plusieurs mois de stabilité, ils pourraient recommencer à descendre lors du dernier trimestre de la nouvelle année. La baisse se poursuivrait en 2024.
La Bourse
Malgré la récession qui nous menace à l’échelle mondiale, l’année 2023 devrait s’avérer plus « enrichissante » pour les investisseurs que 2022, une année vraiment catastrophique pour les grands indices boursiers comme le Nasdaq et le plus populaire indice au monde, le S&P 500 de la Bourse de New York.
Remarquez que les prévisions de rentabilité restent tout de même très modestes.
Au lieu de se retrouver avec de lourdes pertes, comme c’est le cas cette année, les investisseurs devraient--- à tout le moins voir leurs portefeuilles se stabiliser en 2023 en vue de bien se repositionner lors du retour du marché haussier.
Et avec un peu de chance, les investisseurs pourraient même engranger des gains modestes.
Bonne année 2023 !