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Déboires des Fêtes: un cafouillage coûteux pour Sunwing

Le chaos du temps des Fêtes va notamment engendrer des poursuites en dommages de la part de clients



Le bourbier dans lequel furent plongés des milliers de vacanciers pendant la période des Fêtes ne sera pas sans conséquences pour Sunwing, qui en plus de millions de dollars d’indemnités risque fort de se buter à une réduction de son prix d’achat par WestJet Airlines.

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« Il y aura un prix à payer pour les actionnaires de Sunwing ; cela ne fait aucun doute, prédit l’expert de l’industrie de l’aviation, associé à l’Université McGill, John Gradek. La piètre manière dont la direction de ce transporteur a géré la crise des dernières semaines leur coûtera très, très, cher. »

Sunwing Airlines, propriété de la famille Hunter, de Toronto, n’est jamais parvenue à se remettre du cocktail météo qui s’est abattu sur le Québec, l’Ontario et le nord-est des États-Unis, avant Noël. Des milliers de clients sont demeurés coincés à destination, tandis que d’autres ont vu leur départ reporté ou carrément annulé. 

Stephen Hunter, PDG de Sunwing Photo tirée de Linkedin

Dans une déclaration écrite, diffusée jeudi – soit pratiquement deux semaines après le début de la crise – le chef de la direction de Groupe de Voyage Sunwing, Stephen Hunter, et le président de Sunwing Airlines, Len Corrado, se sont dits « profondément désolés » d’avoir ainsi « déçu » leur clientèle. 

« Nous avons connu des échecs flagrants dans la mise en œuvre de notre réponse aux retards causés par les conditions météorologiques difficiles », a reconnu la direction, tout en invitant les passagers à leur faire parvenir leurs demandes d’indemnisation.

Des millions en indemnités

« Ce sont des dizaines de milliers de passagers qui réclament aujourd’hui remboursements et indemnisations, affirme John Gradek. Régler ce gâchis coûtera une fortune, cinq à dix millions de dollars, facilement. Il est évident que Sunwing n’a plus du tout la même valeur aujourd’hui que celle qu’on lui accordait avant Noël. »

Ce détail se veut particulièrement important dans le contexte où WestJet Airlines, passée aux mains d’Onex Corp en 2019 (pour 3,5 G$), annonçait en mars être parvenue à une entente pour l’acquisition de Vacances Sunwing et de Sunwing Airlines. 

  • Écoutez l'entrevue avec Jacob Charbonneau, président directeur général et co fondateur de Vol en retard à l’émission d'Alexandre Moranville-Ouellet via QUB radio :

Titulaire d’une marque aujourd’hui plus écorchée que jamais, est-ce que Sunwing intéresse toujours autant WestJet ? Et si oui, est-ce que le transporteur de Calgary entend reprendre les discussions, sur la base d’une réduction de l’évaluation globale de Sunwing ?

Mutisme des deux directions

Questionnée, par la voix de sa porte-parole, la direction de WestJet a refusé de répondre à nos questions, si ce n’est pour rappeler que sa proposition d’achat est toujours examinée par les autorités réglementaires, et que « par respect pour le processus en cours », elle n’avait « pas d’autres commentaires à fournir ».

Même silence de la part de Sunwing, questionnée sur ses craintes que WestJet puisse vouloir revoir son prix d’acquisition à la baisse ou carrément tourner le dos à la transaction. Nos demandes d’entrevues, autant à Stephen Hunter qu’à son père et actionnaire principal, Colin Hunter, sont demeurées sans réponse.

Craignant un déséquilibre, le Bureau de la concurrence s’est prononcé en octobre contre le projet d’acquisition de Sunwing par WestJet. Ensemble, les deux transporteurs représenteraient 37 % de la capacité de transport sans escale entre le Canada et les destinations soleil. 

  • Écoutez la chronique économique d’Yves Daoust sur QUB radio :

Peu d’espoir que le ministre agisse

Au grand dam des partis d’opposition et des organismes de défense des voyageurs, le ministre fédéral des Transports, Omar Alghabra, n’a pas encore donné suite à ce rapport. En s’appuyant sur le rapport du Bureau de la concurrence, ce dernier aurait le pouvoir d’empêcher cette transaction.

Un pouvoir, toutefois, que Gabor Lukacs, fondateur de l’organisme Air Passenger Rights, a bien peu d’espoir de voir exercé par le ministre, au vu de la faiblesse de ses interventions des derniers jours pour forcer Sunwing à prendre ses responsabilités face « au désarroi des milliers de ses voyageurs, laissés à eux-mêmes. » 

Le ministre a bien sûr émis un commentaire sur Twitter et convoqué le transporteur au Comité permanent des transports, de l’infrastructure et des collectivités aux Communes. Mais cela demeure bien peu, de son point de vue, comparé à la virulence des commentaires du secrétaire au Transport américain, Pete Buttigieg, en réaction à un cafouillage comparable de Southwest Airlines.


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