Éducation : voir au-delà de l’incendie
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François Legault voulait faire de son premier mandat celui de l’éducation.
La pandémie en a décidé autrement. On peut comprendre.
Le sens profond que M. Legault veut donner à son deuxième mandat, s’il y en a un, n’est pas clair.
Gâchis
Le nouveau ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, est forcé de prioriser le recrutement d’enseignants au niveau primaire.
On ne saurait le blâmer. Quand il y a un incendie, la vaisselle sale peut attendre.
Être ministre de l’Éducation au Québec, c’est pas mal ça : vous éteignez des feux en permanence.
Quand ce n’est pas la pénurie d’enseignants, ce sont les toits qui coulent ou la ventilation qui est défectueuse.
On n’a jamais de temps pour la réflexion fondamentale sur la direction à prendre.
Pensez-y, nous avons eu 16 ministres de l’Éducation en 20 ans. Comment faire quelque chose de durable si vous ne faites que passer ?
Nous n’avons pas eu de réflexion collective sur l’éducation au Québec depuis les États généraux de 1995-1996.
Les conclusions de l’époque – donner la priorité à la petite enfance, resserrer la formation de base au lieu de s’éparpiller, relever le niveau culturel, etc. – étaient les bonnes.
Ce qui suivit fut, à bien des égards, un détournement d’avion.
Ce fut plutôt le catastrophique virage fondé sur la doctrine dite « socioconstructiviste ».
Vous connaissez la chanson : le savoir n’est plus une somme de connaissances communes transmises à tous, l’enfant apprend par lui-même, l’enseignant est un « accompagnateur », l’« estime de soi » est fondamentale, etc.
Le gâchis est presque total.
- Écoutez la chronique de Joseph Facal au micro de Richard Martineau diffusée chaque jour en direct 10 h via QUB radio :
Ceux qui réussissent auraient réussi dans n’importe quel système.
Les autres, ceux qui ont réellement besoin d’aide, sont les vraies victimes.
Si on fantasmait un peu, si on se souciait d’autre chose que des incendies, on ferait quoi ? Des tas de choses.
On repenserait complètement le recrutement et la formation des futurs enseignants.
On ne la raboudinerait pas. On recommencerait à zéro.
Normand Baillargeon, l’une de nos meilleures têtes, a des idées là-dessus.
On cesserait de faire passer automatiquement à l’année suivante les élèves qui n’ont pas le niveau.
On cesserait de tripoter les notes.
On cesserait de donner des diplômes de pacotille comme ces Certificats de formation préparatoire au travail, souvent donnés à des analphabètes fonctionnels après des stages de travail.
On mesurerait aussi objectivement que possible les résultats. Comment s’améliorer, sinon ?
Saviez-vous qu’il y a 27 % d’analphabètes fonctionnels chez nos diplômés... universitaires ? Oui, monsieur.
Un analphabète fonctionnel, c’est quelqu’un qui peine à lire un texte plus compliqué qu’une recette de cuisine ou la posologie d’un médicament.
Otage
Surtout, il faudrait un ministre de l’Éducation qui refuserait d’être l’otage des fonctionnaires acoquinés avec ceux, dans les facultés de l’éducation, qui véhiculent des foutaises démenties par la recherche, par exemple l’idée que les devoirs ne sont pas nécessaires ou que la quincaillerie informatique aide.
Il y a tellement à faire qu’on ne s’en sortira pas sans tout remettre à plat. Tout.