Au Congrès, du théâtre et des enquêtes sans fin
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Selon une vieille blague, les républicains font campagne et tentent de convaincre l’électorat que le gouvernement ne fonctionne pas et, quand ils gagnent, ils s’efforcent de le démontrer.
C’est ce à quoi on peut s’attendre de la nouvelle Chambre des représentants sous contrôle – si on peut appeler ça du contrôle – républicain.
Le cirque de l’élection de Kevin McCarthy au poste de speaker n’était qu’un avant-goût. La majorité républicaine a déjà commencé à démontrer qu’elle n’a aucune intention de participer au gouvernement.
Les nouvelles règles dont dépendait l’élection de McCarthy garantissent que cette session sera celle du théâtre et de l’obstruction.
Sur la corde raide
La première règle imposée par les insurgés est de permettre un vote de confiance contre le « speaker » sur demande d’un seul membre. C’est ce qui avait entraîné le départ fracassant du leader républicain John Boehner en 2015.
McCarthy sera donc à la merci des jusqu’au-boutistes qui l’empêcheront de faire quelque compromis que ce soit avec les démocrates. Pour les extrémistes, le but principal n’est pas de légiférer, mais de se mettre en vedette pour paraître sur Fox News et s’attirer les contributions financières de la base républicaine.
McCarthy aura aussi les mains liées sur les budgets ou le relèvement du plafond de la dette. Ces votes deviendront autant d’occasions pour les extrémistes du GOP de s’offrir en spectacle, au risque de déclencher une crise financière dont le monde entier ferait les frais.
Des enquêtes jusqu’à plus soif
C’est aussi pour satisfaire ces nombreux extrémistes que le nouveau speaker a promis de multiplier les enquêtes parlementaires sur tous les sujets qui agitent la base partisane.
Il y aura donc des enquêtes sur les sujets favoris de la droite : les affaires de la famille Biden et les agissements de « l’État profond », qu’on accuse de cibler injustement la droite.
En plus d’assurer aux législateurs républicains un auditoire captif sur Fox News, ces enquêtes monteront en épingle des affaires relativement anodines de façon à faire paraître le monticule des scandales de Joe Biden aussi gros que la montagne en expansion constante des scandales de Donald Trump.
La vraie nature du GOP
Cette session permettra de constater que l’extrémisme n’est pas l’affaire d’une petite minorité au Parti républicain.
En effet, comme lorsqu’une majorité de membres républicains ont refusé d’entériner l’élection de Joe Biden le 6 janvier 2021, c’est la majorité de la délégation républicaine qui jouera ce jeu pendant cette nouvelle session.
Qu’est-ce que tout cela signifie pour Donald Trump ? Ce n’est pas clair. Certains parlent d’un affaiblissement, car les extrémistes anti-McCarthy ont refusé d’obtempérer immédiatement à ses appels à l’ordre.
Il est toutefois aussi vrai qu’à travers tout ce cirque, tous les républicains ont pris soin de défendre l’ex-président et se réclamer de sa mouvance politique.
Il est aussi vrai que l’objectif à peine voilé des enquêtes qui s’amorcent à la Chambre est de noyer les scandales de Trump dans une mer de what-aboutism.
Dans ce contexte, les républicains se sentiront obligés de se porter à la défense de Trump, ce qui ne peut pas lui nuire.
Non, l’ex-président en semi-retraite à Mar-a-Lago n’a pas dit son dernier mot.