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Visite d'un énigmatique musée caché... à Montréal

Notre chroniqueur a visité un lieu de diffusion artistique aussi hautement original qu’incroyablement discret

GEN -  EXPOSITION L'ORDINATEUR
PHOTO MARTIN ALARIE Le lieu de diffusion Eisode limite volontairement son nombre de visiteurs pour que chacun puisse passer beaucoup de temps seul ou entre amis dans la salle d’exposition avec une œuvre complexe.

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Coincé entre un chemin de fer et un vieux cimetière juif en plein quartier résidentiel depuis six ans, un mystérieux musée d’art numérique n’a pas d’enseigne pour le localiser...

Ne le cherchez pas non plus sur Facebook ou Instagram. Il ne s’y trouve pas.

Même une recherche Google avec son nom, EISODE, n’a rien donné.

À moins de taper l’adresse exacte «eisode.art», rien n’apparaît.

Des artistes visuels québécois de réputation internationale y installent pourtant leurs œuvres depuis six ans pour le bonheur d’une poignée de visiteurs avertis.

Anti-musée

Basé dans l’arrondissement d’Ahuntsic, loin du circuit artistique habituel, EISODE limite délibérément le nombre de visiteurs acceptés par jour.

«Nous voulons éviter la manière du grand musée où une foule de monde se déplace parmi d’innombrables œuvres», m’explique la cofondatrice Line Nault.

La responsable Line Nault assise devant le cœur de l’«ordinateur» exposé jusqu’au 23 février.
PHOTO MARTIN ALARIE
La responsable Line Nault assise devant le cœur de l’«ordinateur» exposé jusqu’au 23 février.

«Chez nous, le visiteur passe beaucoup du temps avec une seule œuvre d’art sans se faire déranger par d’autres et sans l’obligation de passer à la suivante.»

EISODE exige que son visiteur (ou un groupe maximum de quatre personnes) réserve un créneau de visite d’une heure via leur site.

Un code envoyé par téléphone permet de déverrouiller la salle d’exposition... où il n’y a personne!

Fin seul, le visiteur dispose alors de l’heure entière pour faire connaissance avec l’œuvre exposée, sans surveillance.

Camille Bernard-Gravel et Baron Lanteigne répondaient aux questions du public.
PHOTO MARTIN ALARIE
Camille Bernard-Gravel et Baron Lanteigne répondaient aux questions du public.

«Certains arrivent ici avec leur lunch et s’installent. Ils prennent leur temps.»

Ce n’est pas gratuit, mais presque : 5 $ pour la visite autonome.

«Il n’y a jamais eu de vandalisme et 100 % des gens qui réservent honorent leur rendez-vous», soutient Mme Nault.

Pour une expérience guidée avec le thé et des explications de Mme Nault, c’est 20 $. 

Ordinateur éclaté

Ce lieu de diffusion qui ne fait rien comme les autres ne présente guère des œuvres banales, vous vous en doutez bien.

L’automne dernier, l’artiste Émilie Payeur insérait des aiguilles d’acupuncture dans le mycélium de champignons pour traduire ses variations électriques en ondes sonores, une manière de rendre audible ce dialogue végétal.

Jusqu’au 23 février, un ordinateur aux composantes fonctionnelles, mais éparpillées – une œuvre de Baron Lanteigne et Camille Bernard-Gravel – confronte le visiteur par son aspect déroutant et morbide.

Cet ordinateur aux composantes éparpillées juchées sur des coussins est bel et bien fonctionnel.
PHOTO MARTIN ALARIE
Cet ordinateur aux composantes éparpillées juchées sur des coussins est bel et bien fonctionnel.

«J’ai voulu représenter de la chair humaine qui se conforme à la machine, qui se plie à ses volontés, plutôt que le contraire», résume la sculptrice Mme Bernard-Gravel.

«L’animation que j’ai programmée se détaille petit à petit et finit par montrer des formes de plus en plus organiques», dit l’artiste numérique Baron Lanteigne.

Les artistes ont conçu L’ordinateur expressément pour le musée caché où le spectateur dispose d’une heure pour l’observer.

Chut!

Eisode n’organise pas de vernissage pour ses nouvelles expositions, mais des «démanchages» où le public peut assister au démantèlement des œuvres une fois l’expo révolue.

Maintenant que vous connaissez l’existence de ce musée, chut ! N’ébruitez pas le secret.

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