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Essai: un incorruptible dérangeant

Dupont l’incorruptible
Photo fournie par les Éditions Édito


En novembre 1969, le policier Louis-Georges Dupont s’est-il suicidé, comme l’ont conclu la juge Céline Lacerte-Lamontagne, en 1996, et la Sûreté du Québec, en 2011 ? Ou s’agit-il plutôt d’un meurtre, comme l’affirment la famille du policier et le juge à la Cour supérieure du Québec Ivan St-Julien ?

Stéphane Berthomet, ex-enquêteur à la police française et vivant au Québec depuis de nombreuses années, cherche ici à y voir plus clair dans cette ténébreuse affaire qui s’est déroulée à Trois-Rivières, ville portuaire où affluent des bûcherons en goguette et des marins assoiffés de plaisirs de toutes sortes. 

Ça sent la débauche, dirait le clergé prude de l’époque. Dans les années 1960, Trois-Rivières, la capitale mondiale du papier journal, n’a rien à envier à Chicago, la capitale du crime organisé, affirme Berthomet. Dans de telles circonstances, la pègre n’est jamais bien loin. Entre autres, la mafia calabraise. 

À tel point que la Commission de police du Québec (CPQ), récemment créée, y mène sa première enquête, en août 1969, quelques mois avant le « suicide » du policier Dupont. En raison de sa probité reconnue, Dupont est chargé de mener une préenquête, comme le veut la coutume. 

Aucune trace

L’enquête met au jour tout un système de cotisations secrètes versées à certains membres du corps policier pour qu’ils ferment les yeux sur les activités illicites comme la prostitution, le proxénétisme et le jeu. On y révèle que les proxénètes et les prostituées, bien que connus du corps policier, peuvent mener leurs activités sans être inquiétés, moyennant le versement d’un cautionnement. Des têtes tomberont, sans plus, qui seront quelque temps plus tard réintégrées dans leurs fonctions.

Puis, coup de tonnerre ! Le 10 novembre, on retrouve le corps de l’inspecteur Dupont, porté disparu depuis cinq jours. Il se serait suicidé avec son arme de service dans son auto, stationnée dans un petit boisé. Selon Berthomet et le fils du policier, trop de détails manquent pour confirmer la thèse du suicide.

Il n’y a aucune trace de sang sur le siège du véhicule, aucun impact de balle sur la banquette, le visage du soi-disant suicidé présente des traces de coups, ses lunettes neuves sont manquantes, les vêtements qu’il porte ne sont pas les siens, il n’y a aucun briquet ni aucune cigarette alors que le policier est un fumeur, le carnet où l’inspecteur notait ses observations a disparu, etc. Malgré tout, le coroner conclut rapidement au suicide, pour cause de dépression.

Une famille persistante

Pour la famille Dupont, il est évident que leur père était menacé parce qu’il avait entrepris de faire le ménage dans le service de police de sa ville. Il était l’homme à abattre, car il en savait trop. Vingt-cinq ans plus tard, la famille s’adresse à la Cour supérieure pour qu’on rouvre l’enquête sur la mort mystérieuse de l’inspecteur Dupont. 

Au terme de cette procédure, compte tenu d’une quantité sans nombre de négligences et de disparitions de preuves importantes, le juge ordonne la tenue d’une enquête publique dans les plus brefs délais.

Cette nouvelle enquête révélera beaucoup d’incohérences, d’irrégularités et de fautes professionnelles graves. La juge conclura toutefois que la thèse du meurtre est non fondée.

Mais Berthomet ainsi que la famille du policier ne lâchent pas prise. De rebondissement en rebondissement, Berthomet rencontre un ancien barman de Trois-Rivières, qui lui raconte en détail les circonstances de l’assassinat du policier Dupont, récit qu’il tient d’un policier qui lui aurait fait ses aveux. Malheureusement, les meurtriers et témoins sont aujourd’hui presque tous morts. D’autres éléments de preuve viendront s’ajouter, de fil en aiguille, pour accréditer la thèse du meurtre. 

Après quatre ans d’enquête, Berthomet en arrive à la conclusion que le policier Louis-Georges Dupont a bel et bien été assassiné. Quand va-t-on ordonner une nouvelle enquête, où tous les éléments du casse-tête tragique seront enfin rassemblés ? Une lecture passionnante.

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