Affaire Simon Houle: la Cour d’appel le condamne à un an de prison
La Cour d’appel a annulé l’absolution de Simon Houle pour des crimes sexuels
Coup d'oeil sur cet article
L’ingénieur qui a agressé sexuellement une amie saoule en plus d’avoir pris des photos d’elle nue n’aurait jamais dû s’en sortir sans casier judiciaire, a tranché la Cour d’appel en ordonnant qu’il purge une année derrière les barreaux.
• À lire aussi: Absolution de Simon Houle: la Couronne réclame en appel 18 mois de prison
« Une personne raisonnable [...] ne comprendrait pas que Simon Houle puisse échapper à une condamnation », ont affirmé unanimement trois juges du plus haut tribunal du Québec, mercredi.
Pour le Regroupement québécois des centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel, cette décision est « très positive ». Les Centres d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) se réjouissent également de l’issue du dossier, après le tollé que l’absolution avait causé au sein de la population.
« C’était nécessaire de revoir cette décision, dans l’intérêt de la victime qui a dû se sentir abandonnée par le système de justice, mais aussi dans le but de rassurer le public », a commenté la coordonnatrice, Marie-Christine Villeneuve.
Simon Houle, 31 ans, devra donc se présenter à la prison, afin de payer pour son crime commis lors d’une fête à Trois-Rivières en avril 2019.
- Écoutez la rencontre Gibeault-Dutrizac avec Nicole Gibeault, juge à la retraite au micro de Benoit Dutrizac sur QUB radio :
Profitant de ce qu’une amie était saoule, il l’a agressée sexuellement, en plus de prendre plusieurs photos qu’il a gardées dans son cellulaire pendant 44 jours, soit jusqu’à ce qu’un ami les découvre.
« M. Houle a violé une sphère de la vie privée [de la victime] qui est essentielle au maintien de sa dignité humaine », a rappelé la Cour d’appel.
Des erreurs cruciales du juge
Et si le juge Matthieu Poliquin avait qualifié l’agression sexuelle de « somme toute rapide », il n’en était rien, a-t-il été ajouté.
« Ce que le juge a décrit n’a rien de rapide », indique l’arrêt rendu mercredi.
La Cour d’appel en a ensuite rajouté, critiquant le juge de première instance pour des erreurs cruciales qui l’ont mené à absoudre l’auteur de l’agression sexuelle.
« Le juge semble avoir perdu de vue l’infraction de voyeurisme au moment de déterminer la peine », ont d’ailleurs noté les trois juges d’appel basés à Québec, tout en déplorant que « l’acharnement de M. Houle [sur la victime] ne figure pas dans la liste des facteurs aggravants » qu’il a considérés.
La prison d’ici lundi
Houle, qui a jusqu’à lundi pour se constituer prisonnier, n’a pas souhaité commenter l’affaire. Il n’en a d’ailleurs pas fini avec la justice, puisqu’il devra également se défendre d’un bris de probation.
C’est que juste après avoir obtenu l’abso-lution en juin dernier, il s’était envolé à Cuba, où il aurait empoigné les fesses d’une Québécoise en vacances.
À son retour au pays, la femme avait porté plainte à la police, ce qui a mené à une nouvelle accusation.
CE QU'ILS ONT DIT
« Les juges des cours de première instance ne pourront s’esquiver des principes qui ressortent de cette décision de la Cour d’appel. Ils ne pourront aller à l’encontre de cette décision »
-Nicole Gibault, juge à la retraite
« On accueille favorablement la reconnaissance de la Cour d’appel de l’agression et que Houle ait une conséquence à la hauteur de la gravité de ses actions. Ce n’est pas juste une tape sur les doigts »
-Justine Chénier, responsable des communications du Regroupement québécois des centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (RQCALACS)
« La confiance avait été grandement ébranlée. Les gens étaient choqués de cette décision, il était nécessaire de la revoir »
-Marie-Christine Villeneuve, coordonnatrice au Centres d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC)
« Les gestes qu’il a commis à l’égard de [la victime] ne peuvent être assimilés à une erreur de jeunesse ou un accident de parcours »
-Extrait de l’arrêt rendu hier par la Cour d’appel
« En photographiant les parties les plus intimes du corps de la victime à son insu, M. Houle a violé une sphère de sa vie privée qui est essentielle au maintien de sa dignité humaine »
-Autre extrait de l’arrêt