La pandémie a laissé de grandes cicatrices à nos élèves
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Les résultats des élèves québécois au dernier examen ministériel d’écriture de français de cinquième secondaire sont une véritable hécatombe. Dans la plupart des centres de services scolaires, on assiste à une forte baisse du taux de réussite.
Avec un tel constat, il est difficile d’affirmer que l’enseignement à distance a été un succès en français. Et comme cet examen a été une des seules mesures uniformes corrigées par le ministère, on peut imaginer ce que les élèves n’ont pas appris l’an dernier dans d’autres matières...
Mais il est impossible d’infirmer ou de confirmer formellement cette hypothèse parce que le ministère de l’Éducation du Québec (MEQ) ne rend pas publiques les rares données qu’il possède à cet effet. Comme bien d’autres données d’ailleurs. Dans les faits, ces résultats en français ont été obtenus grâce à la Loi sur l’accès à l’information. C’est tout dire.
- Écoutez l'entrevue avec Égide Royer, psychologue et spécialiste de la réussite scolaire à l’émission de Guillaume Lavoie diffusée chaque jour en direct 13 h 35 via QUB radio :
Retards observés
Dans plusieurs écoles, cette année, mes collègues constatent à quel point les jeunes placés devant eux, surtout ceux qui éprouvaient déjà des difficultés, n’ont pas les acquis nécessaires à la réussite de leurs cours et n’arrivent tout simplement plus à suivre le rythme. Les taux d’échec au premier bulletin sont parfois consternants, mais le MEQ ne le sait pas parce qu’il n’effectue aucun suivi efficace – comme l’a suggéré la vérificatrice générale du Québec – des résultats des élèves à la suite d’une pandémie qui a privé les jeunes de nombreuses semaines de classe à l’école.
L’après-pandémie
Cette nouvelle n’est donc pas une surprise pour ceux qui œuvrent sur le terrain et pour certains universitaires. Pire : lors du retour formel en classe, pour contrer les effets de la pandémie, le gouvernement Legault avait mis de l’avant un programme de tutorat dont on a souligné qu’il serait inefficace parce qu’il ne respectait aucune des caractéristiques gagnantes, selon de nombreuses études. Et cette année encore, le même gouvernement a décidé d’aller de l’avant avec une plateforme numérique de tutorat dont on sait qu’elle sera tout aussi inefficace.
Dans nos écoles, tout le poids de la réussite repose essentiellement sur les épaules du personnel scolaire, des élèves et de leurs parents. Quand l’ancien ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, affirme que : « Maintenant, ce qu’il faut faire, c’est continuer et faire le grand rattrapage », on comprend que ce sont les autres qui vont œuvrer à réparer les dégâts de sa gestion déficiente en éducation.
Actuellement, il n’existe aucune véritable nouvelle mesure efficace pour soutenir les jeunes qui ont cumulé des retards académiques évidents durant la pandémie. Comme si cette dernière n’avait jamais existé. Comme si tout était normal.
Luc Papineau,
Enseignant de français