L'homme qui a tué un motocycliste en évitant des canards reconnu coupable
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L’automobiliste qui a causé la mort d’un motocycliste de 19 ans en voulant éviter des canards a difficilement encaissé le verdict de culpabilité rendu hier par un jury.
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« Coupable de conduite dangereuse causant la mort », a lu l’un des jurés après deux jours de délibérés, au palais de justice de Joliette.
Le visage d’Éric Rondeau, 47 ans, est alors devenu écarlate, lui qui se tenait la tête à deux mains.
Derrière, sa conjointe a fondu en larmes dans la salle presque vide.
Le père de famille a été accusé après avoir commis une manœuvre fatale à Sainte-Élisabeth dans Lanaudière, le 22 juillet 2019.
Ce jour-là, Rondeau a immobilisé son Ford F-150 tirant une remorque vide à l’approche d’une courbe.
Voulant éviter d’écraser une cane et six canetons qui traversaient la route 345, il a rapidement activé ses clignotants d’urgence.
Puis, le conducteur a bifurqué dans la voie inverse à basse vitesse pour contourner les palmipèdes, a-t-on pu constater grâce à une vidéo choc diffusée au procès.
Pas de sympathie
À ce moment, Félix-Antoine Gagné, monté sur sa moto Yamaha, a surgi dans sa voie obstruée.
Il a aperçu le véhicule trop tard et n’a eu aucune chance.
L’accusé a tenté de convaincre le jury qu’il s’était retrouvé dans cette voie « par erreur ».
Il voulait frôler la ligne médiane pour éviter d’être percuté à l’arrière, a-t-il témoigné.
Au grand désarroi de Me Richard Dubé, les jurés n’ont cependant pas rendu un verdict de sympathie qui aurait pu disculper son client.
« On est très surpris. Pour nous, c’était un contexte d’accident évident », a laissé tomber le criminaliste au visage long, à sa sortie de la salle de cour. Il a décrit son client comme « un actif » pour la société, « très attristé » par la mort du jeune.
Erreur de jugement
Le jury a plutôt penché pour la théorie de la poursuite, selon laquelle la manœuvre de Rondeau était dangereuse. D’après Me Alexandre Dubois, l’accusé a fait une « grave erreur de jugement », « en prenant une chance » de poser ce geste à cet endroit. « On est très satisfait. On espère que ça aidera la famille de la victime dans son deuil », a-t-il confié, aux côtés de Me Jade Coderre, avec qui il a mené le dossier.
De leur côté, les proches du défunt semblaient satisfaits, peinant à cacher leur soulagement. Ils ont préféré ne pas commenter.
La défense explorera la possibilité de suggérer un sursis pour Rondeau, – ce qui lui éviterait la prison –, et de porter la décision en appel. La conduite dangereuse causant la mort est passible d’une peine maximale d’emprisonnement à perpétuité.
Le dossier reviendra à la cour le mois prochain.