Un pilote détenu pendant huit mois en République dominicaine met en garde les touristes québécois
De la drogue avait été découverte dans l'avion en transit de l'équipage en République dominicaine
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Un pilote emprisonné près de huit mois en République dominicaine pour avoir dénoncé un complot d’exportation de 200 kilos de cocaïne met en garde les touristes québécois qui transitent à l’aéroport de Punta Cana.
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«Je ne volerai plus jamais là-bas», peste Robert Di Venanzo de Pivot Airlines, une petite compagnie aérienne de Toronto. L’équipe de J.E l’a rencontré dans le hangar de la compagnie un peu plus d’un mois après son retour à la liberté.
Le 5 avril 2022, le commandant de bord et quatre membres de l’équipage de Pivot Airlines effectuaient les vérifications préliminaires de leur bi-reacté CRJ-100, qui devait amener leurs sept passagers à l’aéroport de Toronto.
Une alarme a toutefois indiqué que la soute située sous le nez de l’avion n’était pas fermée.
- Écoutez l'entrevue avec Dominic Daoust à l’émission de Philippe-Vincent Foisy diffusée chaque jour en direct via QUB radio :
210 KG DE COCAÏNE
En voulant la refermer, ils ont découvert huit sacs de sports qui contenaient 210 kg de cocaïne.
Aussitôt, le pilote a averti les autorités locales et la Gendarmerie royale du Canada de son inquiétante découverte.
«Nous pensions que nous faisions la bonne chose, nous avons même blagué avec les policiers de la Direction nationale du contrôle des drogues pendant qu’elle fouillait l’appareil», se rappelle le commandant Di Venanzo.
C’est plutôt la prison qui attendait les employés de Pivot Airlines.
- Écoutez la chronique Crime et Société avec Félix Séguin, journaliste au Bureau d’enquête de Québecor au micro de Richard Martineau sur QUB radio :
PRISON DORÉE
L’équipage et les passagers ont été jetés dans la prison surpeuplée de Higuey à une cinquantaine de kilomètres de Punta Cana. La justice dominicaine a saisi leur passeport et les a empêchés de quitter le pays en attente d’un procès qui ne viendra jamais.
Pendant les huit prochains mois, les employés de la compagnie aérienne ont été assignés à résidence. Une équipe de gardes armés a dû les changer de planque plusieurs fois.
«On faisait l’épicerie escortés par des gars avec des mitraillettes», se souvient M. Di Venanzo.
«C’est une véritable détention illégale», affirme le journaliste et sociologue dominicain Lisandro Torres, qui souligne que les suspects n’ont jamais été accusés ni interrogés dans cette affaire et qu’ils n’ont jamais subi de procès.
PREUVE ALTÉRÉE
Il a fallu le génie de l’agente de bord Christina Carello pour se sortir de ce mauvais pas.
En regardant les images des caméras de surveillance de l’aéroport déposées en preuve, elle a remarqué que 40 minutes des images de la caméra de surveillance pointée sur l’appareil avaient été supprimées.
Or, la vidéo provenant d’une autre caméra a permis de voir un camion de l’aéroport de Punta Cana s’approcher de la piste en pleine nuit, pendant que l’équipage dormait à l’hôtel.
L’équipage a appris le 11 novembre dernier qu’il allait être libéré. Le procureur chargé du dossier a dit qu’il n’y avait plus assez de preuve pour tenir un procès.
Des pilotes redoutent l’aéroport de Punta Cana
Des pilotes québécois craignent d’atterrir en République dominicaine depuis l’emprisonnement injustifié d’un équipage de la compagnie Pivot Airlines.
«Ces pilotes pensaient être partis trois jours puis ont été partis huit mois. C’est traumatisant. Je n’ai pas de doute qu’eux vont traîner ça avec eux longtemps», affirme le commandant chez Air Transat Dominic Daoust.
S’il était confronté à la même situation que celle des pilotes torontois, il signalerait la présence de la drogue uniquement quand les roues de son appareil auraient quitté le sol.
«Moi, je ne suis pas prêt à prendre le risque avec mon équipage et les passagers de les soumettre à tout ça», conclut-il.
L’Association canadienne des pilotes de ligne est aussi préoccupée.
«Notre position est claire: un pilote de ligne ne devrait jamais avoir à choisir entre la sécurité aérienne et sa liberté. Ils ont fait leur travail et ont été emprisonnés pour l’avoir fait convenablement», dit son vice-président administration et finance, Louis-Éric Mongrain.
RISQUES À L’AÉROPORT
Des événements récents laissent croire à la présence d’un groupe criminel à l’aéroport de Punta Cana.
«Il existe une structure dans cet aéroport qui fait en sorte qu’il y a de la drogue dans les avions et dans des valises... Il y a vraiment un risque de transiter par cet aéroport malheureusement», allègue le journaliste et sociologue dominicain Lisandro Torres.
Une ressortissante belge est d’ailleurs toujours en prison après que des employés de l’aéroport de Punta Cana eurent été pris en flagrant délit de placer 50 kilos de cocaïne dans ses bagages.