Et l'humanité, bordel?
Coup d'oeil sur cet article
Permettez-moi de vous parler d’une initiative formidablement prometteuse qui nous vient du Manitoba. Eh oui. Pourquoi ? Parce qu’au Québec, pendant que notre système de santé et de services sociaux se déshumanise depuis des années, on serait vraiment sage de s’en inspirer.
Comme le rapporte Radio-Canada, le gouvernement manitobain a créé un premier Conseil consultatif sur les questions touchant les personnes ayant une déficience intellectuelle. Experte renommée dans ce domaine, la Franco-Manitobaine Maria Fernanda Arentsen en sera membre.
L’objectif ? Selon Mme Arentsen, il doit justement servir à « ramener une dose d’humanité » dans la manière dont les pouvoirs publics voient ces personnes. Bravo !
Dans nos sociétés, dont le Québec, ces pouvoirs ont en effet tendance à minimiser les besoins croissants et diversifiés de cette « clientèle » et des familles. C’est encore pire après l’âge de 21 ans.
Les services sont rares. Ils le sont encore plus depuis le début de la pandémie. Au Québec, le gouvernement promet des soins à domicile pour les aînés, mais qu’en est-il pour les personnes déficientes intellectuelles ?
Une enquête du Devoir a aussi révélé qu’ici même, parmi les ressources d’hébergement, plusieurs sont de piètre qualité sur tous les plans.
L’urgence d’humaniser
Pendant ce temps, au Manitoba, on a compris l’urgence d’un vrai changement de culture. L’urgence d’humaniser les services aux personnes handicapées. Un sujet qui me tient aussi à cœur depuis très longtemps.
Maria Fernanda Arentsen, professeure agrégée à l’Université de Saint-Boniface, connaît cette réalité sous tous ses angles. Auteure de nombreux écrits sur le sujet, elle est tout d’abord la sœur de Pablo, né avec la trisomie 21.
Elle a souvent expliqué comment son expérience de vie auprès de son frère lui avait fait comprendre ce que peu de gens semblent savoir. Soit que dans nos sociétés dites avancées, on tend à « hiérarchiser » les gens pour mieux définir arbitrairement la « normalité ».
À ce jeu-là, les personnes handicapées intellectuelles sortent toujours perdantes.
Elle observe avec raison que « c’est très difficile quand on travaille dans une sphère administrative d’être en contact avec des personnes ayant une déficience intellectuelle et avec leurs familles, qui vivent les situations quotidiennes. C’est très important d’être près des personnes, de connaître leurs besoins, leur quotidien et où il faut investir. »
Tous interdépendants
Elle note que ces personnes nous aident pourtant à « comprendre que nous sommes tous interdépendants, mais que nous ne voulons pas le réaliser parce qu’on s’imagine super indépendants ».
Ma « petite » sœur étant née elle aussi avec une déficience intellectuelle, comme tant d’autres familles le feraient, je seconde ses constats.
La ministre manitobaine des Familles et de l’Accessibilité promet donc que ce nouveau Conseil « apportera de l’expertise et de la passion » dans la manière dont son gouvernement prendra soin à l’avenir de cette « clientèle » négligée.
De l’expertise et de la passion ? La recette parfaite pour une approche enfin plus humaniste. C’est un message puissant d’inclusion et de respect.
Un message qui s’adresse non seulement aux personnes handicapées intellectuelles, mais à toute la société dont elles sont membres à part entière.
À quand une initiative semblable au Québec ?