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Essai: étonnez-moi!

Lanctôt
Photo fournie par les Éditions Somme toute

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«Le plus étonnant est qu’il y ait des hommes qui ne s’étonnent pas d’être vivants», a-t‐on placé en exerce de cet ouvrage en citant Schopenhauer, philosophe qui vécut au XIXe siècle, et cela vaut encore aujourd’hui malgré tous les progrès de la science. Chaque jour, au réveil, moi, je m’étonne et m’émerveille de voir la vie qui bat autour de moi. Une émotion sans cesse renouvelée. 

Michel G. Barette, qui a été longtemps associé aux mises en scène spectaculaires du Cirque du Soleil, se propose de retracer les origines de ce qui nous émeut. 

«Quels sont les phénomènes, les événements, les réalisations ou les concepts qui causent l’étonnement? Quel effet cet étonnement pourrait-il avoir sur nous et notre vie? Comment composons-nous avec cet étonnement?» se demande-t-il.

C’est poussés par la curiosité, l’attrait de l’aventure et l’insatisfaction de leur condition que nos ancêtres Homo sapiens sont partis à la découverte du monde, allant de surprise en étonnement, activant leurs neurotransmetteurs, à l’aide de dopamine, d’adrénaline et de noradrénaline. La première pour stimuler la prise d’actions risquées, la seconde pour augmenter le rythme cardiaque pour mieux supporter l’effort physique, et la troisième pour organiser la stimulation en vue d’atteindre le résultat final. Curiosité, étonnement, surprise et sensations fortes sont donc intimement liés et comportent leurs lots de récompenses. Plus le risque est élevé, plus la récompense est grande, affirme l’auteur, ce qui peut créer une réelle dépendance. Comme ce sentiment rassurant d’avoir une vie bien remplie, loin de la monotonie et du conformisme.

Tatouage

Le rituel du tatouage, très populaire chez les jeunes, constituerait une manifestation de ce goût du risque, de ce besoin de s’affranchir et de se démarquer. La douleur ressentie lors des séances d’encrage serait le passage obligatoire pour accéder à cette euphorie momentanée. C’est ainsi que les candidats au tatouage «inscrivent sur leur corps, parchemin rituel, les moments émotionnels marquants de leur histoire individuelle intime, encrage du malaise dont la trace est conservée dans cette écriture corporelle». 

Or, les vieilles divisions sociales et autres cloisons ont été remplacées aujourd’hui par d’autres catégories plus perméables, grâce aux technologies nouvellement développées. La jeunesse du XXIe siècle – ces «adulescents» à l’identité floue, comme l’auteur les appelle – peut communiquer plus facilement tout en se divertissant individuellement ou en groupe, «au carrefour des émotions, des sentiments et des sensations [...], butinant entre éclectisme, hédonisme et consumérisme». 

Les humains aiment croire aux merveilles magiques, affirme Barette, et ils ont imaginé des histoires fantastiques, peuplées de créatures mythologiques qui font appel au merveilleux et qui nous étonnent, nous divertissent et nous enseignent. 

Les religions et sectes religieuses traduisent de façon éloquente cette quête du fantastique pour expliquer l’inexplicable. La philosophie et la science le font tout autant à leur manière, l’une en faisant appel à la logique, et l’autre au travers d’expériences factuelles.

Source de fascination

Le feu constitue une autre source de fascination. Sa découverte, il y a 400 000 ans, transformera tout autant nos vies que la matière qui nous entoure. Le feu sera longtemps associé à la magie et à l’alchimie, puisqu’il réussit «à transmuer des métaux vils en or». On le retrouve aussi dans la fabrication de plaques de métal, du verre, de l’alcool, des parfums, des médicaments, etc.

Que dire maintenant de l’aventure de l’exploration spatiale ? Nous allons de découverte en découverte, toutes plus étonnantes les unes que les autres. La science-fiction devient réalité. «Que de chemin parcouru par Homo sapiens depuis l’observation captivante de la pleine lune à l’orée de sa caverne!»

Bref, «l’étonnement est l’un des fondements de l’intelligence humaine : il permet de détecter l’inattendu, d’éveiller l’intérêt, de s’émerveiller, mais aussi de repérer des dangers nouveaux ou encore de corriger ses erreurs». Ce que l’intelligence artificielle n’a pas encore réussi à apprivoiser. Finalement, nos émotions vont-elles nous sauver de la domination de la machine? Nous n’avons pas fini d’être étonnés, car l’univers n’a pas encore livré tous ses secrets.

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