GND, PSPP et l'extrémisme politique
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Dire que les extrêmes politiques montent en raison des immigrants eux-mêmes, c’est faux. Et foncièrement injuste.
Mais affirmer que des décisions politiques – ou des non-décisions – peuvent contribuer à la montée des extrêmes, même si ce n’est pas l’objectif, cela va de soi. C’est une évidence.
C’est essentiellement là-dessus que, depuis hier, les deux jeunes premiers de la politique québécoise, Gabriel Nadeau-Dubois et Paul Saint-Pierre Plamondon, s’obstinent.
GND accuse PSPP de considérer l’immigration uniquement comme un problème négatif. PSPP estime que GND fait preuve de jovialisme.
Les deux ont une part du blâme à prendre.
GND en campagne
Du côté du chef péquiste, ses déclarations manquent de clarté. On lance une affirmation – une « paix sociale menacée » – sans trop préciser ce qu’on veut dire. La paix sociale est-elle menacée par nos seuils actuels ? Se dirige-t-on vers une crise liée à notre modèle d’immigration ? On ne sait pas trop.
Du côté du chef solidaire, on est davantage dans la politique que dans la bonne foi. On fait une lecture sélective de ce que PSPP a dit. Et on amalgame la proposition loufoque de Jean-François Lisée sur le transport d’immigrants de Roxham en autobus vers l’Ontario, les propos du PM Legault en campagne et ce qu’a dit PSPP.
Le chef solidaire parle d’abord à ses membres.
Il sait qu’un vote de confiance lui pend au bout du nez, et que la partielle dans Saint-Henri–Saint-Anne arrive – et que ce discours plaît chez les électeurs de cette circonscription.
Extrémisme politique
Mais revenons à la question initiale : qu’est-ce qui contribue à la montée de l’extrémisme ?
S’il y a une montée inquiétante de l’extrême droite, particulièrement en Europe, c’est d’abord le fait de politiciens d’extrême droite. Ces « entrepreneurs identitaires » pointent l’immigration comme le socle de tous les problèmes et l’utilisent comme carburant politique.
Mais arrêter notre analyse à ça, c’est court.
Ces politiciens s’imposent, car les terreaux sont fertiles.
Un exemple européen : en Allemagne, l’extrême droite renaît de ses cendres. Angela Merkel a elle-même reconnu que l’accueil de deux millions de Syriens en 2015 a pu créer des tensions sociales et contribué à l’émergence de partis xénophobes. Ce n’est certainement pas la faute des nouveaux arrivants, mais bien de décisions politiques. Il faut être capable de le reconnaître.
J’écrivais la semaine dernière que les progressistes, dont QS, devraient arrêter de fuir comme la peste les angoisses identitaires. J’irais plus loin : à force de regarder de haut toutes revendications identitaires, à toujours les amalgamer à de la xénophobie, on en vient à créer encore plus d’intolérance.
Roxham
Est-ce que la situation du chemin Roxham créera un ressac à terme – comme semble le dire PSPP ? Il ne faut pas exagérer : ce n’est pas le cas présentement, même si nos services publics sont sous pression.
Mais la situation à Roxham alimente une impression que nos gouvernements laissent dépérir une situation. Et cela peut contribuer à alimenter certains discours xénophobes.
Autre exemple qui alimente les tensions : la récente nomination du gouvernement Trudeau de Amira Elghawaby à un poste de lutte contre l’islamophobie.
Dans la rubrique « Quebec bashing », une spécialité des journaux canadiens-anglais, elle estimait que « la majorité des Québécois portent un sentiment antimusulman ».
Une nomination du genre – toujours acceptable dans les plus hauts lieux canadiens – crée de la crispation identitaire et alimente le ressentiment. Et, oui, contribue à la montée des extrêmes.