Un rein en cadeau à son ancien entraîneur de football
Ils ont repris contact 40 ans plus tard, lors d’une réunion d’anciens
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Près de 40 ans après avoir accroché ses crampons, un ancien joueur de football collégial fera don d’un rein à son entraîneur de l’époque atteint d’insuffisance rénale terminale
« C’est un geste excessivement généreux de sa part. Il rallonge ma vie et me permettra de voir mes petits-enfants plus longtemps », affirme, ému, Jocelyn Beauvillier.
Le professeur d’éducation physique à la retraite doit effectuer de la dialyse chaque nuit depuis deux ans en raison de son insuffisance rénale terminale.
Il était depuis quelques mois déjà sur la liste d’attente de Transplants Québec pour une greffe de rein lorsqu’il s’est rendu à une journée de retrouvailles d’anciens joueurs de l’équipe de football des Trappeurs du Collège Marie-Victorin en juin dernier.
C’est alors qu’il a croisé Patrice Lortie, qu’il avait entraîné en 1982 et 1983 et qu’il n’avait pas revu depuis cette époque.
« J’ai réalisé qu’il n’allait pas du tout. C’était pourtant quelqu’un d’énergique, en pleine forme, un vrai coach de foot ! », raconte M. Lortie, qui est professeur de français au secondaire.
Du même groupe
Les deux sportifs se sont rapidement rendu compte qu’ils avaient le même groupe sanguin, O négatif. Seulement 7 % des Québécois le possèdent, selon Héma-Québec.
S’est ensuivie une pléiade de tests afin de déterminer si les reins de Patrice Lortie étaient compatibles avec ceux de l’ancien entraîneur à la défensive.
« Ils ont tout vérifié pour s’assurer que les deux reins pompaient la même chose, il fallait qu’ils soient équivalents. Tout était beau, tout était bon », explique M. Lortie, 57 ans.
Opération à venir
La semaine dernière, il a rencontré pour une première fois la chirurgienne du Centre universitaire de santé McGill (CUSM), qui retirera son rein droit. L’intervention devrait avoir lieu en mars.
L’opération devrait durer environ trois heures et demie, l’hospitalisation, trois jours, et la convalescence, six semaines.
« On a vraiment hâte ! On veut passer à autre chose. J’appréhende un peu, parce que je n’ai jamais eu de chirurgie. Je ne sais pas trop comment mon corps va réagir », affirme M. Lortie, qui précise que les risques de complications ne sont que d’un sur 3000.
L’an dernier, le CUSM a procédé à 115 transplantations de rein, dont 17 provenaient de donneurs vivants.
Au pays, 26 % des transplantations rénales se font à partir de donneurs vivants, selon les plus récentes données du Registre canadien des insuffisances et des transplantations d’organes. Près de la moitié des donneurs vivants ne sont pas de la parenté du receveur, précise-t-on.
Pas pour n’importe qui
« C’est un cadeau du ciel. Le don d’organe d’un vivant, c’est un geste extraordinaire. Ça m’émeut beaucoup », affirme M. Beauvillier, la gorge nouée par l’émotion.
« Je ne le ferais pas pour n’importe qui, mais Jocelyn mérite qu’on le fasse pour lui », assure M. Lortie.
« C’était quelqu’un de très impliqué, pas seulement sur le terrain, mais à l’extérieur aussi. Il aidait beaucoup les jeunes qui rencontraient des difficultés familiales ou des problématiques autres que dans le sport », souligne-t-il.