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Attentat à la mosquée: une grossière récupération

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Dimanche, on soulignait le sixième anniversaire de la tuerie survenue à la grande mosquée de Québec, le 29 janvier 2017, qui fit six morts et une vingtaine de blessés.

Il est évidemment important de commémorer cette tragédie dans le respect et le recueillement.

Il est tout aussi important d’œuvrer à contrer la haine envers des gens tout simplement parce qu’ils ne partagent pas nos vues, si leurs propres vues sont exprimées pacifiquement, comme c’était le cas des victimes.

Amalgame ?

Que se passe-t-il exactement dans la tête de quelqu’un qui en vient à commettre un geste aussi effroyable que celui d’Alexandre Bissonnette ?

Je n’ai pas la réponse à cette question, mais je note que bien des gens, eux, « savent ».

En gros, la thèse qu’on essaie de nous faire avaler est que cet événement s’expliquerait au moins en partie par « l’islamophobie » généralisée du Québec, terreau fertile à la fois pour un extrémisme violent, mais aussi insidieux, comme le serait la loi 21 sur la laïcité.

Mohamed Labidi, président du Centre culturel islamique de Québec, est un de ceux qui « savent ».

À l’occasion de la commémoration de la tuerie, il lâchait : 

« Cette loi vient chambarder tout, tout ce qu’on fait comme travail pour le vivre-ensemble. Des gens ont choisi de quitter le Québec. Ça fait beaucoup de mal à notre communauté. Nos frères et nos sœurs se sentent tous visés par cette loi, qui enfreint nos droits et nos libertés. »

Faux. Ils ne se sentent pas « tous » visés par cette limitation très restreinte de droits qui ne sont jamais absolus.

Et si quelqu’un juge bon de quitter le Québec parce qu’on lui interdit de porter un signe religieux très visible sur son lieu de travail, cela nous en dit long sur la conception que cette personne a du « vivre-ensemble ». 

Maryam Bessiri, porte-parole du comité « Je me souviens du 29 janvier », en est une autre qui « sait ».

« Mais cette loi, dit-elle, fait en sorte de nier à toute une partie de la population la reconnaissance entière et complète de leur citoyenneté. »

Trompeur. La citoyenneté « entière et complète » est associée ici à la liberté en termes d’expression vestimentaire et symbolique, comme si une seule religion était visée, et comme s’il n’y avait pas eu de cheminement collectif dans l’affirmation concrète de la laïcité dans l’espace public dans toutes les sociétés occidentales depuis des décennies.

  • Écoutez la chronique de Joseph Facal au micro de Richard Martineau disponible en balado sur QUB radio : 

Confusion délibérée ?

Il est sidérant qu’on nous mette si souvent en garde contre un amalgame qui associerait injustement tous les musulmans aux intégristes violents, mais que l’on se permette si aisément d’amalgamer le crime de Bissonnette, toute la société québécoise et une loi du gouvernement.

Mais il était sans doute naïf d’espérer que cette tragédie ne soit pas politiquement récupérée par une frange qui, comme le notaient les professeurs Dugré et El-Mabrouk dans La Presse du 28 janvier, fait un usage « confus, polémique et militant » du terme « islamophobie », afin de rendre problématique toute critique de cette religion.

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