Attente record pour les chirurgies orthopédiques: comme Cole Caufield, des Québécois se tournent vers le privé en grand nombre
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Un Québécois souffrant de la même blessure à l’épaule que l’ailier gauche du Canadien, Cole Caufield, pourrait patienter des mois ou même un an avant d’être opéré dans la province, où l’attente atteint des sommets.
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Actuellement, les chirurgies orthopédiques, pour les muscles et les os, sont celles où il y a le plus de patients en attente. Au 31 décembre 2022, 39 241 personnes attendaient une chirurgie orthopédique, un sommet inégalé depuis le début de la pandémie, selon les données du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS).
Un peu plus de 10 000 personnes poireautent depuis plus de six mois et les patients orthopédiques comptent pour près du tiers de ceux en attente depuis plus d’un an, soit plus de 6000.
Le joueur-vedette du Tricolore, Cole Caufield, doit être opéré mercredi au Colorado par le Dr Peter Millet. Le même chirurgien que son coéquipier Josh Anderson avait consulté pour une déchirure du labrum à son épaule gauche en mars 2020 et Caufield a laissé entendre qu’il subirait la même opération.
«C’est un excellent choix, ils sont allés chercher la crème de la crème», fait valoir le chirurgien Marc Beauchamp, qui possède une clinique privée spécialisée dans l’épaule et le coude à Montréal.
Pas prioritaire
Néanmoins, l’opération d’un jour pour rattacher des ligaments, simple à organiser et avec un plateau technique de base, ne serait pas du tout prioritaire dans le réseau public québécois. Les chirurgies orthopédiques sont souvent moins urgentes, car elles ne menacent pas la survie immédiate.
«On dirait à un jeune [avec la même blessure] d’arrêter de jouer et d’attendre son tour», dit le chirurgien œuvrant uniquement au privé.
Même s’il exige de 9000 à 14 000 $ pour opérer une dislocation de l’épaule, le Dr Beauchamp voit la demande grandir.
«Parfois, les gens viennent parce qu’ils attendent depuis un an ou qu’ils se sont fait dire que ça prendrait un an», poursuit-il, ajoutant qu’il soigne aussi des patients venant de l’Ontario ou de l’Atlantique.
Les retards accumulés en chirurgie au Québec s’expliquent surtout par un manque de main-d’œuvre, souvent appelée en renfort ailleurs. Sans personnel pour faire rouler une salle d’opération, elle reste fermée.
Tanné de se tourner les pouces, le chirurgien Pascal-André Vendittoli de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont a ouvert une clinique privée.
Demande quintuplée
Depuis deux ans, la demande a quintuplé, dit-il. De 250 arthroplasties à la hanche par an, il en a fait environ 1200 en 2022, au coût de 24 000 $.
«Ce ne sont pas des gens fortunés, mais ils sont dans une situation insoutenable et ils sont prêts à vendre leur voiture ou emprunter à des proches pour se soulager», se désole-t-il.
Une salle par semaine
La présidente de l’Association d’orthopédie du Québec, Dre Véronique Godbout, explique qu’actuellement les chirurgiens ont accès en moyenne à une salle d’opération par semaine dans les hôpitaux où ils travaillent.
«L’idéal, ce serait au moins deux salles ou plus par semaine si on veut que la liste d’attente arrête de gonfler», fait valoir la spécialiste.
Elle ajoute que les chirurgies d’un jour sont réalisées dans un «délai raisonnable, mais au-delà de l’idéal» et l’attente est encore plus grande si une hospitalisation est nécessaire.
Devant l’incapacité des chirurgiens à opérer, ceux-ci font des diverses consultations afin d’être payés, dit-elle. D’autres, se désaffilient de la Régie d’assurance-maladie du Québec (RAMQ) pour travailler au privé.