Vous pouvez enfin connaître le vrai temps d’attente aux urgences
Un nouveau site indique notamment le nombre de personnes en salles d’attente
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Les Québécois pourront désormais savoir combien de temps ils vont attendre à l’urgence, grâce à de nouvelles données publiées par le gouvernement dès aujourd’hui.
Un nouveau site web, mis à jour en continu, indique combien de personnes attendent à l’urgence de tous les hôpitaux de la province et le temps moyen qu’ils passent dans la salle d’attente. Ces nouvelles données, plus précises, doivent aider les patients à choisir entre l’urgence ou une solution de rechange.
D’ici quelques semaines, des données sur le délai moyen avant de voir un médecin à l’urgence et le délai d’attente à la ligne téléphonique 811 viendront s’ajouter pour guider les Québécois malades.
«Je ne veux pas dire que ça va bien dans les urgences et j’hésite à dire que ça va mieux, mais c’est sûr qu’on voit une amélioration», assure le ministre de la Santé, Christian Dubé, en entrevue avec Le Journal.
Auparavant, les patients devaient se rabattre sur les taux d’occupation des civières, ce qui ne prend pas en compte l’ambulatoire, c’est-à-dire les personnes présentes à l’urgence qui vont voir un médecin, sans être hospitalisées.
«L’ambulatoire, c’est les deux tiers du volume. La plupart [des patients] n’aboutissent pas sur une civière et n’attendent pas 15 heures», explique M. Dubé.
- Écoutez l'entrevue avec Joseph Dahine, Intensiviste au CISSS de Laval à l’émission de Guillaume Lavoie diffusée chaque jour en direct 14 h 15 via QUB radio :
Cellule de crise
Trois mois après sa création, le ministre dresse un bilan positif de la cellule de crise, mise sur pied pour aider les urgences débordées.
Cet automne, la pénurie de main-d’œuvre jumelée aux virus respiratoires a semé la pagaille dans les hôpitaux.
«La seule place que tu ne peux pas fermer, c’est l’urgence. Mais on peut fermer des lits sur les étages ou retarder des chirurgies», explique-t-il.
Ainsi, un hôpital qui dépasse sa capacité à l’urgence peut retarder des opérations afin de garder des lits sur les étages et réduire l’attente sur civière. L’heure de départ des spécialistes de l’hôpital est surveillée, puisque les malades sur civière attendent souvent leur visite.
Des «gestionnaires de fluidité» font désormais le lien entre l’urgence et les étages. De décembre à janvier, les visites ambulatoires à l’urgence sont passées de 7500 à 5600 quotidiennement et le délai de prise en charge a baissé d’une heure, de 3 h 12 à 2 h 16.
Le pire est passé
«Comme usager, je pense que le pire est passé [dans les urgences], mais pour notre personnel, non», admet le ministre, qui assure que l’embauche est une priorité.
Le président de l’Association des spécialistes en médecine d’urgence du Québec, Gilbert Boucher, remarque une amélioration, ajoutant que les virus circulent moins.
Selon lui, ces nouvelles données aideront les citoyens à choisir leur urgence, en plus de mieux équilibrer le réseau de la santé.
►Les données sur les urgences sont disponibles sur : quebec.ca/situationurgences
CELLULE DE CRISE POUR LES CHIRURGIES
Le ministre Christian Dubé envisage une cellule de crise, à l’image de celle des urgences, pour réduire l’énorme attente en chirurgie.
Au 31 décembre, près de 164 000 personnes attendaient encore une chirurgie au Québec.
C’est encore plus que les 145 000 personnes en attente quand le ministre annonçait vouloir rattraper le retard d’ici juin 2023.
«On n’est pas là en ce moment, pas du tout », convient M. Dubé.
Prochainement, il compte publier des données sur les retards par CISSS et CIUSSS pour avoir un portrait plus juste de la situation, poursuit-il.
«La cellule de crise a fait sa job [pour les urgences] et il faut répliquer ce succès-là», estime-il.
DEUX PROJETS DE LOI EN FÉVRIER
Le ministre Dubé entend déposer deux projets de loi en février : pour la création de l’agence Santé Québec et pour encadrer les agences de placement.
«J’espère qu’on peut déposer le projet de loi avant la fin février, c’est mon objectif», dit-il à propos de Santé Québec. Une ébauche circule actuellement au sein du ministère de la Santé et des Services sociaux.
À l’image d’Hydro-Québec, cette agence doit coordonner la gestion quotidienne du réseau de la santé, pour être plus près du terrain et «changer la gouvernance».
M. Dubé confirme aussi son intention, évoquée juste avant Noël, de serrer la vis aux agences de placement dans le réseau avec un projet de loi ce mois-ci.
Il vise notamment à mieux encadrer les quarts de travail auxquels les travailleurs d’agence pourront avoir accès.