Vers des élections identitaires à Ottawa?

Le NPD qui part en croisade contre le privé en santé. Justin Trudeau qui voit tranquillement le Parti conservateur grimper dans les intentions de vote. Le fruit sera-t-il mûr pour une élection en 2023 ?

Ce ne sont pas les opportunités qui manqueront.

Une grève des fonctionnaires fédéraux accompagnée d’une loi de retour au travail, une entente bancale sur la santé, un gouvernement libéral qui, sous des airs de responsabilité fiscale, repousserait aux calendes grecques l’assurance médicaments promise au NPD, un mandat clair pour affronter la tempête économique, la liste des fenêtres pour le premier ministre est presque sans fin.

Les astres sont encore loin d’être alignés pour justifier de prendre un tel risque. Mais ce qui est clair, c’est que Justin Trudeau a trouvé sa bouée de sauvetage : l’identité canadienne.

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Capitaine Canada

Les libéraux, tant à Québec qu’à Ottawa, ont souvent reproché au Parti Québécois et maintenant à la CAQ de jouer la carte identitaire pour mobiliser leur base.

Or c’est exactement la stratégie que trame Justin Trudeau.

C’est sous cette lorgnette qu’il faut voir sa sortie contre l’usage préventif de la clause dérogatoire.

Paul Martin l’avait essayé, trop tard, lors de sa campagne de 2004. De toute évidence, le gouvernement actuel a bien saisi que ce narratif se brode d’avance. Surtout, il peut être bonifié en tout temps, la nomination délirante d’Amira Elghawaby en fait foi.

Le gouvernement Trudeau fait ainsi d’une pierre deux coups. Il espère ramener au bercail ses électeurs traditionnels désenchantés. Et, surtout, il place l’adversaire conservateur sur la défensive.

Car le sous-entendu d’intolérance à l’égard des conservateurs n’est jamais loin lorsqu’ils osent dénoncer les excès de la rectitude politique libérale.

En se présentant en sauveteur de l’esprit de la Charte, en érigeant en dogme identitaire son discours d’inclusion, Justin Trudeau se donnerait enfin les moyens de faire oublier tout le reste.