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Besoins criants de financement pour un immeuble voué aux itinérants

Un organisme communautaire presse la Ville d’agir

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Fiona Crossling, directrice générale de l’Accueil Bonneau, devant un immeuble censé héberger des itinérants en réinsertion sur le boulevard Maisonneuve à Montréal qui est abandonné depuis 2019 faute de financement public. Photo Olivier Faucher


Un immeuble voué à la réinsertion de dizaines d’itinérants dans le Centre-Sud et abandonné depuis plus de trois ans a un urgent besoin de financement afin de combler les besoins de plus en plus criants dans le quartier montréalais.

«Il y a du monde qui a besoin de logements. On a des listes d’attente. Si on a des immeubles qui sont vides et non rénovés, ça n’a pas de sens», déplore Fiona Crossling, directrice générale de l’Accueil Bonneau.

  • Écoutez l'entrevue avec James Hugues, président et chef de la direction de la Mission Old Brewery à l’émission de Richard Martineau via QUB radio :

L’organisme est responsable de gérer la Maison Paul-Grégoire, un immeuble de 33 chambres ou studios où habitaient d’ex-sans-abri en réinsertion de longue durée sur le boulevard Maisonneuve, dans le quartier Centre-Sud.

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La Maison Paul-Grégoire est abandonnée depuis novembre 2019. Les graffeurs s’en sont donné à cœur joie sur l’immeuble dont les fenêtres sont placardées et dont la structure est protégée par un grillage métallique. Photo Olivier Faucher

En 2019, une inspection de l’immeuble révélant des risques à sa structure qui compromettaient la sécurité de ses résidents a forcé leur évacuation. Ceux-ci ont dû être relocalisés.

Trois ans plus tard, l’immeuble a triste allure avec ses fenêtres placardées et sa façade recouverte de graffiti.

Financement refusé

Peu après son évacuation, la Société d’habitation et de développement de Montréal (SHDM), propriétaire de l’immeuble, avait bien l’intention d’effectuer les travaux majeurs nécessaires via l’Initiative pour la création rapide de logements (ICRL) du fédéral.

«On avait étudié différents scénarios à l’époque et c’était encore faisable de réhabiliter l’immeuble sans le démolir», explique Julien Serra, porte-parole de la SHDM.

Or, la Ville de Montréal, qui décidait comment serait dépensé l’argent du programme fédéral aurait refusé la demande de financement «sans raison particulière» en 2020, soutient M. Serra.

Pour Mme Crossling, c’est «aberrant» que cet immeuble soit toujours dans cet état trois ans plus tard, alors que son organisme a 19 personnes sur sa liste d’attente pour des logements de réinsertion.

«On pourrait facilement remplir cet immeuble avec des personnes qui sont extrêmement vulnérables», souligne-t-elle.

Elle pointe notamment du doigt la forte hausse du nombre de personnes en situation d’itinérance depuis la pandémie qu’elle estime avoir bondi de «30 % à 50 %» dans la métropole.

D’autant plus que l’immeuble est situé en plein cœur du quartier Centre-Sud, à quelques pas du secteur Émilie-Gamelin qui a fait l’objet de nombreux reportages au cours des dernières années sur les problèmes sociaux, dont l’itinérance, qui y sont de plus en plus visibles.

Décision «crève-cœur», dit la Ville

Questionné par Le Journal, le cabinet de la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a expliqué qu’il n’y avait pas assez d’argent pour combler toutes les demandes soumises en 2020 et que des projets comme la Maison Paul-Grégoire, ont dû être mis de côté.

«Autant lors de la première que la deuxième phase de subvention du programme ICRL, le nombre de projets déposés surpassait les sommes annoncées par le fédéral, a déclaré l’attachée de presse Marikym Gaudreault. Ce sont donc des choix extrêmement crève-cœur que nous devons faire avec les partenaires gouvernementaux pour déposer des propositions à l’intérieur du budget.»

Aux yeux du cabinet, le cas de la Maison Paul-Grégoire montre que «les besoins dépassent les investissements» gouvernementaux tant du fédéral que de Québec dans les programmes de logement avec entre autres l’augmentation du coût de la vie.

«On multiplie donc les démarches auprès des autres paliers afin de revoir ces modèles de financement pour qu’ils soient à la hauteur des vrais besoins immédiats. Car tout projet qui ne peut se concrétiser nous prive de services précieux pour des populations vulnérables ici à Montréal comme ailleurs au pays», a ajouté Mme Gaudreault.

«Pour protéger la confidentialité de nos partenaires, nous ne sommes pas en mesure de discuter de projets particuliers», a indiqué de son côté le relationniste de la Société canadienne d’hypothèques et de logement, Leonard Catling.

L’Accueil Bonneau compte tenter sa chance à nouveau en soumettant une autre demande au même programme en mars prochain. «J’espère vraiment que ça va être accepté cette fois-ci», lâche Mme Crossling.

– Avec Michel Bellemare, Agence QMI

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