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L’injustice dans le transport scolaire a assez duré

Caroline Senneville, Présidente de la CSN
Caroline Senneville, Présidente de la CSN Photo courtoisie, François Couture


Alors que le ministre de l’Éducation lui-même vient tout juste de déclarer que les conducteurs de transport scolaire doivent obtenir leur juste part, la CSN tient à replacer certains faits et événements qui expliquent la situation actuelle dans ce secteur. 

Le gouvernement vient tout juste de bonifier de 15 à 30% les enveloppes consenties aux transporteurs afin de les aider à faire face à l’augmentation des coûts et à la rareté de main-d’œuvre. Une partie de cette bonification leur a été consentie afin qu’ils améliorent les conditions salariales des chauffeurs d’autobus, qui font peine à voir.

Malheureusement, l’argent ne s’est jamais rendu dans les poches de ceux qui transportent nos enfants à l’école matin et soir, un travail beaucoup plus exigeant qu’il n’y paraît. La CSN dénonce vivement cette injustice.

Manque de personnel

Pourtant, le Québec vit un grave problème d’attraction et de rétention dans le secteur du transport scolaire. Et les raisons sont multiples: pensons aux horaires coupés en milieu de journée et qui débutent à 6 h le matin pour se terminer souvent à 18 h, ou encore au stress d’avoir à bord 72 enfants pas toujours sages dont certains avec des problèmes de comportement, des handicaps physiques et mentaux et j’en passe. Doit-on rappeler que les enjeux vécus par les enseignantes et les enseignants ne s’arrêtent pas aux portes de la classe? Et ce, sans compter l’immense responsabilité de devoir affronter la route et ses multiples obstacles quand on sait qu’on transporte non seulement des petites vies humaines, mais ce que l’on a de plus précieux. Ce travail, qui n’est pas le plus facile, n’est simplement pas reconnu à sa juste valeur et cette injustice doit cesser.

D’aussi loin que je me souvienne, ces femmes et ces hommes se sont battus pour obtenir de meilleures conditions de travail, depuis 30 ans, en fait. La majorité d’entre eux n’ont pas d’assurances collectives ou de régime de retraite et leur salaire annuel avoisine les 20 000$. Quand les négociations arrivent dans ce contexte, il est seulement normal qu’ils veuillent recevoir l’argent qui leur est déjà destiné tout en étant reconnus à leur juste valeur.

Revaloriser la profession

Du lundi au vendredi, les conducteurs sont à même de constater que plusieurs circuits ne sont pas complétés par manque de main-d’œuvre. Ils sont donc très bien placés pour comprendre le désarroi des enfants qui sont privés de leur autobus et celui de leurs parents qui sont pris avec ce problème, lequel vient s’ajouter à leur vie déjà trop bien remplie. Sachez que nous en sommes pleinement conscients et que les revendications de ces personnes que nous portons visent simplement à corriger le problème central: celui du manque de reconnaissance à leur égard et de leur rémunération insuffisante, compte tenu de leur engagement.

Les transporteurs scolaires saisiront-ils cette occasion unique pour enfin régler ces problèmes qui sont aussi les nôtres ou nous mèneront-ils à une série de conflits inutiles et stériles qui n’aideront en rien à la situation actuelle? Ça reste à voir, et l’on surveillera ça de très près.

Caroline Senneville, Présidente de la CSN







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