Trudeau représente-t-il le Canada?
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Hier, à l’émission que j’anime sur QUB radio, j’ai reçu le ministre des Relations canadiennes, Jean-François Roberge.
« L’affaire Elghawaby est le dernier d’une longue série d’affrontements qui démontrent — comme si besoin était — que le Canada et le Québec défendent deux conceptions du vivre-ensemble qui sont profondément incompatibles, lui ai-je dit. Il va falloir un moment donné que le Québec en tire les conclusions qui s’imposent ! Arrêter de japper et agir ! »
Le ministre m’a répondu que le gouvernement Trudeau ne représentait pas nécessairement « le Canada ». Que l’idéologie qu’il défend n’est pas nécessairement celle de la majorité des Canadiens.
Pays ou gouvernement ?
Bref, qu’il faut faire la différence entre le gouvernement d’un pays et le pays en question.
C’est la question à 100 000 $. Jusqu’à quel point Justin Trudeau est-il représentatif du Canada ?
- Écoutez le ministre Jean-François Roberge en entrevue au micro de Richard Martineau, disponible en balado sur QUB radio :
Les souverainistes comme moi répondront que les positions de Justin sur l’immigration, le multiculturalisme, la place de la religion dans l’espace public, la défense des droits individuels versus celle des droits collectifs, les questions identitaires en général et la place que le Québec devrait occuper au sein de la fédération sont en parfaite harmonie avec les positions de la majorité des Canadiens.
Que lorsque Justin parle, il exprime les sentiments profonds de la plupart des Canadiens.
Mais les gens qui, comme la CAQ, croient à la possibilité de réformer le fédéralisme vous répondront que le PLC ne représente que les électeurs du PLC.
Que si les conservateurs prenaient le pouvoir, on aurait un tout autre Canada.
Moins woke. Moins centralisateur. Et plus ouvert aux revendications du Québec.
À force de faire des demandes au Canada, vous allez voir, nous allons finir par obtenir ce que nous voulons, m’a dit le ministre Roberge.
C’est comme l’érosion. À force de toujours frapper les côtes d’un rocher, les vagues finissent par transformer celui-ci.
Par le modeler. Par lui arracher des morceaux.
Le Canada est comme le rocher Percé
L’image utilisée par le ministre est jolie.
Mais j’avais envie de lui dire : « Ça a pris combien de temps, au juste, pour qu’un trou finisse par percer le rocher Percé ? Dix ans ? Cent ans ?
« Travaillez-vous pour les Québécois qui sont actuellement en vie, ou pour ceux qui verront le jour dans un siècle ? »
Pas étonnant que le gouvernement Legault ait demandé aux Québécois de voter conservateur aux dernières élections fédérales !
Il a fait son deuil du gouvernement Trudeau et n’attend rien de bon de lui.
Alors que si les conservateurs dirigeaient le Canada, une autre conception du vivre-ensemble, moins incompatible avec la nôtre, pourrait — enfin ! — se déployer.
Vraiment ? Vous y croyez, vous ? Vous croyez que le Canada de Poilievre sera fondamentalement différent du Canada de Trudeau ?
Je ne parle pas de l’exploitation des ressources naturelles ou du rôle que jouerait le Canada sur la scène internationale. Bien sûr que ça serait différent...
Je parle de l’âme même du pays. Son essence.
Legault ne cesse de dire qu’il représente le Québec dans ce qu’il a de plus profond. Que lorsqu’il parle, c’est tout le Québec qui parle à travers lui.
Pourquoi n’en serait-il pas de même pour Trudeau ?