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Amira Elghawaby n'aurait jamais dû être nommée

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L’éclipse médiatique et politique provoquée à Québec et à Ottawa par l’« affaire » Elghawaby tire à sa fin. Dans la valse incessante de l’actualité, il y a un principe immuable : rien ne dure pour toujours.

Nommée par Justin Trudeau comme représentante spéciale du Canada chargée de la lutte contre l’islamophobie, Amira Elghawaby n’aurait pourtant jamais dû être choisie. Pourquoi ?

Parce que, depuis des années, elle dissémine les pires préjugés contre un groupe identifiable, soit une « majorité » de Québécois, qu’elle a même accusés d’être porteurs d’un « sentiment antimusulman ». 

Comment croire alors qu’elle serait capable de combattre les préjugés contre un autre groupe identifiable, soit les Canadiens de confession musulmane ? 

Ses « excuses » ultra- « scriptées » ont aussi été livrées trop tardivement et seulement sous forte pression politique. Personne ou presque n’en est dupe. 

Or, malgré les appels nombreux à sa démission fusant du Québec et les dures critiques formulées à son endroit par des ministres québécois de Justin Trudeau, Mme Elghawaby restera probablement en poste.

Résultat : dans ses nouvelles fonctions, elle ne trouvera aucun interlocuteur crédible au Québec. Elle devra donc « dialoguer » uniquement hors Québec. 

Des manifestations d’islamophobie existant au pays comme ailleurs, ce poste aurait pourtant mérité qu’on y nomme une personne capable d’établir un réel dialogue avec toutes les composantes de la société canadienne. Avec Mme Elghawaby, ce rendez-vous sera lamentablement raté.

Un énième chapitre

Au-delà des jeux politiques qu’elle nourrit, l’« affaire » Elghawaby est également le énième chapitre de la sempiternelle représentation des Québécois, particulièrement des francophones, comme des êtres habités d’une intolérance atavique envers les minorités. Toutes les minorités.  

Ce procès constant qu’on leur sert explique en bonne partie l’hyper sensibilité d’une majorité de Québécois sur les questions dites identitaires. À force d’être soupçonnés du pire et d’être dépeints injustement comme un monolithe primitif et xénophobe, comment s’en étonner ?

C’est pourquoi il faut aussi lire le texte de Simon Jodoin, posté sur le site de la revue Vaste programme. Son titre : « Amira Elghawaby – L’arbre qui cache la forêt des deux solitudes ».

À propos du fameux sondage dont elle s’était réclamée en 2019 pour accuser une majorité de Québécois d’être « influencés par un sentiment antimusulman », il décortique les deux analyses qu’en avaient faites Le Devoir et The Gazette.

Un vieux phénomène

Le 18 mai 2019, dans The Gazette, un article du journaliste Jason Magder était titré : « A new poll shows support for Bill 21 is built on anti-Islam sentiment » (un nouveau sondage montre que l’appui au projet de loi 21 [sur la laïcité de l’État] repose sur un sentiment antimusulman). 

Non pas par hasard, Mme Elghawaby reprendra la même formulation. M. Jodoin rappelle toutefois que les résultats complets du sondage ne permettaient aucunement d’en tirer ce même constat. Bien au contraire. 

Toujours le 18 mai 2019, dans Le Devoir, le titre de l’article du journaliste Guillaume Bourgault-Côté était « Le Québec face à ses paradoxes ». On y trouvait une analyse du sondage, mais beaucoup plus précise et nettement plus nuancée que celle du quotidien anglophone.

Dès qu’il est question de sujets dits identitaires ou linguistiques, ce même double phénomène se répète souvent et à échelle pancanadienne. Un éternel jour de la marmotte.

Cette semaine, sans trop me faire d’illusions, je conseillais à Mme Elghawaby de lire le brillant essai de Jean Birnbaum, Le courage de la nuance

La lecture de médias de langue française de son choix l’aiderait peut-être aussi à élargir ses horizons au sujet d’une société dont elle ne semble connaître que bien peu de choses.

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