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Pratique «abusive»: une entreprise de Laval encaisse une hausse de 200 % de son loyer

Le loyer industriel moyen a augmenté de 69 %, dans la métropole, depuis trois ans

Edgar Belleau
Photo Pierre-Paul Poulin Edgar Belleau, président de la société Instacable, à Laval. Il se voit forcé de déménager après que Pure Industrial, une copropriété de Blackstone et d’Ivanhoé Cambridge, eut décidé de tripler le prix de son loyer.

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Visé par une hausse de loyer de plus de 200 %, le propriétaire d’une entreprise de Laval dénonce les pratiques qu’il considère comme « abusives » de Pure Industrial, une copropriété de Blackstone Property et d’Ivanhoé Cambridge, bras immobilier de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) 

« Je veux bien que le marché ait changé et que la demande pour les espaces industriels ait augmenté avec le commerce électronique. Mais il y a quand même bien des limites, affirme Edgar Belleau, PDG de Câblages informatiques Instacable. Ils ne se rendent pas compte du tort qu’ils causent. »

Le manufacturier de faisceaux de câble et de fibre optique, destinés à la production d’appareils électroniques des secteurs des communications et de la sécurité, occupe le même local industriel de quelque 11 000 pieds carrés depuis maintenant 18 ans. 

Comme par le passé, il s’attendait donc à reconduire son bail industriel avant son échéance du mois de juillet prochain. C’était, toutefois, sans se douter de la flambée de tarif que lui réservaient les nouveaux propriétaires de l’immeuble qu’il occupe, jusque-là propriété de Cominar.

Un loyer multiplié par trois

À compter de juillet, le prix de location de son édifice de la rue J.A. Bombardier passera de 7,50 $ le pi2 à 23,50 $ le pi2, soit trois fois le tarif des trois dernières années. Et ce n’est pas tout ; selon la proposition de Pure, consultée par Le Journal, ce tarif de base grimpera à 24,68 $ à compter de juillet 2024, et à 25,91 $ l’année suivante, soit à partir de juillet 2025.

« Et, pas la peine d’essayer de négocier avec eux, affirme M. Belleau. C’est à prendre ou à laisser. Tu acceptes de payer trois fois le prix ou tu t’en vas, même après presque 20 ans. C’est une vision à courte vue, qui fera mal à bien des PME. Je ne pense pas que Cominar aurait agi de la sorte. » 

Le portefeuille industriel de Cominar – pas moins de 190 immeubles – est passé aux mains de Blackstone il y a un peu moins d’un an, dans le cadre d’une transaction plus large, menée par la société immobilière Canderel, d’un montant de 5,7 milliards (G$). Selon Les Affaires, Pure possède aujourd’hui 41 millions de pi2 au Québec, soit 60 % de plus qu’avant l’acquisition de Cominar.

Silence radio 

Nommé en mars dernier, Michael Racine, le vice-président Location de Pure est justement un transfuge de Cominar. Qu’à cela ne tienne, malgré nos nombreuses demandes, ni M. Racine ni la haute direction de Pure Industrial à Toronto n’ont accepté de répondre à nos questions.

Même silence de la part d’Ivanhoé Cambridge, pourtant filiale de la Caisse de dépôt et placement du Québec. La direction a refusé de nous préciser la part qu’elle détenait dans son actionnariat et de nous indiquer quel édifice de son portefeuille industriel/logistique est aujourd’hui géré par cette société. En 2018, lors de son achat avec Blackstone pour 3,8 G$, Ivanhoé détenait 38 % de l’entreprise. 

Quoi qu’il en soit, pour M. Belleau, comme bien d’autres, les jeux sont faits. Incapable de payer l’augmentation qu’on lui impose, il se voit contraint de préparer son déménagement.

–Avec la collaboration de Francis Halin

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