L’inflation les pousse à trouver un second emploi pour joindre les deux bouts
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Frappés par la pire inflation en près de 40 ans, de plus en plus de Québécois sont à la recherche d’un deuxième emploi pour arrondir leur fin de mois ou pour maintenir leur train de vie.
«En tant que jeune maman, je peux confirmer que ça coûte cher d'avoir un enfant, et mon revenu d’appoint est plus que bienvenu en ce moment», confie au Journal Alex Sandra Galbas, de Shawinigan.
Elle a commencé à vendre sur internet des produits capillaires de la marque MONAT durant son congé de maternité et en pleine pandémie. Mme Galbas peut gagner jusqu’à 1000 $ par semaine avec ce deuxième travail.
Cette mère, âgée de 30 ans, est par la suite retournée à son emploi de bureau à temps plein comme «spécialiste de la conformité» au travail. Alex Sandra Galbas a toutefois conservé son sideline avec MONAT à temps partiel, entre autres, pour faire face à la hausse du coût de la vie.
«Plusieurs personnes dans notre équipe en ce moment rejoignent la compagnie pour s’aider financièrement, constate la Shawiniganaise. C’est pas rare de dire aussi que notre bonus du mois va nous aider à payer des dépenses importantes. C’est vraiment bénéfique.»
- Écoutez le témoignage de cette mère monoparentale à l’émission de Philippe-Vincent Foisy via QUB radio :
«Nouvelle tendance»
Le cas de Mme Galbas est loin d’être unique. Le Journal a trouvé des dizaines de publications sur les réseaux sociaux où des Québécois cherchent des petits boulots de marcheurs de chien, de pelleteur de neige ou d’entretien ménager pour joindre les deux bouts.
Mathieu St-Amant, président de Soluflex Estrie, une firme spécialisée en gestion des ressources humaines, confirme que «plusieurs travailleurs cherchent un deuxième emploi à temps partiel» ces temps-ci.
«Il semble y avoir [cette] nouvelle tendance sur le marché de l’emploi depuis la menace d’une récession, de la hausse des taux d’intérêt et de l’inflation ahurissante des derniers mois», indique-t-il.
Une étude publiée par la société Accenture lui donne d’ailleurs raison. Selon cette dernière, 41 % des Canadiens comptaient obtenir un revenu d’appoint en novembre dernier pour gagner plus d’argent.
«Personnellement, c’est sûr que ça m’aide dans le contexte actuel. [...] Pour 50 min d’enseignement en ligne, je gagne environ 30 $», mentionne Cheryl Williams, une Montréalaise payée pour apprendre à de jeunes Chinois à parler dans la langue de Shakespeare.
Prenez garde
La directrice générale de l'Ordre des conseillers en ressources humaines agréés (CRHA), Manon Poirier, invite toutefois les travailleurs à prendre des précautions avant d’accepter un second emploi.
«Il faut vérifier si vous n’avez pas des ententes avec votre employeur sur le fait qu’il peut vous être interdit de travailler pour un autre concurrent ou une autre entreprise. [...] Idéalement, vous devriez aussi aviser votre direction avant de prendre un deuxième travail», conseille Mme Poirier.
La spécialiste rappelle que même un emploi d’appoint peut amener plusieurs problèmes pour la santé et la sécurité d’un employé.
«Il faut se questionner à savoir si on est vraiment en état de faire son emploi après x nombres d’heures dans une semaine. Mais c’est sûr que s’il y a un mouvement répandu pour trouver un second emploi au Québec, il va falloir rester vigilant pour la santé de nos employés», prévient Manon Poirier.
-Avec la collaboration de Maude Boutet
LES EMPLOIS D’APPOINT ET L’INFLATION AU PAYS :
- L’inflation en 2022 est la plus élevée en 40 ans au Canada
- 41 % des Canadiens voulaient un emploi d’appoint en novembre 2022
- La directrice générale de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés (CRHA), Manon Poirier, invite toutefois les travailleurs à prendre des précautions avant d’accepter un second emploi.
- 54 % des jeunes adultes croient que l’inflation représente leur plus gros défi financier
Source : Statistique Canada, Accenture et Banque Royale du Canada
PAYÉES POUR GARDER DES CHIENS
France Beauchamp et sa fille Bahia ont trouvé une façon plutôt originale pour mettre de l’argent de côté. Elles promènent et gardent des chiens dans leur maison de Villeray à Montréal via la plateforme Rover, qui offre ce service en ligne.
«On adore s’occuper des animaux! Je le fais surtout pour aider ma fille. J’ai un emploi à temps plein et je travaille à la maison. Je suis toujours là si jamais on garde des chiens chez nous», raconte Mme Beauchamp.
À défaut d’avoir cet animal de compagnie chez elle, Bahia a d’abord proposé ses services de «marcheuse» de chien dans son quartier. Avec la pandémie, elle a trouvé un autre emploi à temps plein.
«Maintenant, on garde surtout des chiens dans notre maison parce que les propriétaires sont retournés travailler au bureau et ils ne veulent pas les laisser seuls. C’est moins de marche, explique France Beauchamp. Pour toute personne qui cherche un sideline, c’est un très bon revenu.»
►Son salaire : 50 $ pour 24 h avec le chien ou 40 $ pour une journée
JUSQU’À 1000 $ / SEMAINE AVEC SES PRODUITS
Alex Sandra Galbas, une maman de 30 ans, a commencé à vendre des produits capillaires de la marque MONAT durant le confinement.
«J’étais aussi en congé de maternité et j’avais du temps. Quand je suis revenue à mon travail de bureau, j’ai continué parce que c’est sûr que ça amène un revenu supplémentaire très intéressant pour notre famille», explique au Journal Mme Galbas.
Cette résidente de Shawinigan, en Mauricie, ajoute d’ailleurs que son travail d’appoint lui permet entre autres de gagner plus d’argent puisque «ça coûte cher d’avoir un enfant».
►Son salaire : jusqu’à 1000 $ par semaine
ENSEIGNANTE D’ANGLAIS POUR ÉTUDIANTS CHINOIS
Cheryl Williams enseigne l’anglais en ligne à des étudiants chinois dans le confort de son appartement à Montréal.
«J’ai perdu mon principal emploi durant la pandémie et je me suis concentrée à enseigner en ligne. Maintenant, c’est mon deuxième emploi et c’est certain que ça m’aide financièrement», mentionne en anglais Mme Williams.
Elle précise que ses services sont principalement offerts en ligne via les plateformes Qkids et VIPKid.
►Son salaire : 30 $ pour 50 min
100 $ POUR UN TÉMOIN DE MARIAGE
Alain Guillot a probablement le travail d’appoint le plus insolite que notre représentant a trouvé sur le web. Pour 100 $, il propose d’être un témoin à votre mariage.
«C’est un nouveau service que j’offre. J’ai eu, par exemple, un couple d’immigrants le mois dernier qui m’a payé pour le faire. Ça me fait vraiment plaisir puisqu’ils ne connaissaient personne ici», raconte-t-il au Journal.
M. Guillot indique être professeur de danse à temps plein. Son emploi comme témoin dans les mariages a principalement lieu le week-end. «Je suis choyé de vivre d’aussi beaux moments intimes avec eux», assure le Montréalais.
►Son salaire : 100 $ par mariage