/entertainment/multimedia
Navigation

Ils voient «Mégantic»: vives émotions chez les citoyens de Lac-Mégantic

La série est inspirée du drame qui a fait 47 morts, en 2013

Quebec
Photo Stevens LeBlanc Plus de 400 personnes ont assisté à la première représentation, en fin d’après-midi, à la polyvalente de Lac-Mégantic. C’était aussi salle comble en soirée.

Coup d'oeil sur cet article

LAC-MÉGANTIC | Dix ans après la tragédie ferroviaire qui a emporté 47 des leurs, des citoyens de Lac-Mégantic sont repartis rassurés et ravis du visionnement du premier épisode de la très attendue série Mégantic, lundi, à la polyvalente Montignac.

• À lire aussi: Mégantic: une série qui peut «faire du bien à la population»

• À lire aussi: «Le monde à l'envers»: Sophie Lorain défend la série Megantic

Était-il trop tôt pour tourner une œuvre de fiction inspirée de ce drame qui a fait le tour du monde, en 2013? Certainement pas aux yeux des gens qui ont donné leurs impressions à chaud aux médias, après la première de deux projections qui ont attiré 850 personnes.

Les commentaires étaient unanimement positifs.

«C’est touchant, c’est bien fait, et oui, ça fait du bien. À un moment donné, il faut les vivre les émotions», a partagé Richard Michaud.

«La série, je la recommande à tout le monde. C’est doux. On avait tous peur, mais non, on n’avait pas besoin d’avoir peur. C’est humain», a dit Diane Boulet.

André Tanguay et Diane Boulet n’avaient que du bien à dire du premier épisode de la série Mégantic.
Photo Stevens LeBlanc
André Tanguay et Diane Boulet n’avaient que du bien à dire du premier épisode de la série Mégantic.

Son mari André Tanguay s’est dit persuadé que la série fera œuvre utile. «Notre communauté a été déchirée par le fait de faire passer la voie ferrée ailleurs. Je pense que voir la série va nous convaincre d’aller plus loin dans cette démarche.»

Soulagement

Dans l’épisode présenté aux Méganticois, on suit les derniers jours et heures d’un plongeur-soudeur qui fait la cour à une aspirante-chanteuse, à travers notamment des témoignages de leurs proches. Tous deux vont périr au Musi-Café.

Le réalisateur Alexis Durand-Brault était soulagé de la réception des spectateurs.

Alexis Durand-Brault
Photo Stevens LeBlanc
Alexis Durand-Brault

«On m’enlève cent livres de pression sur les épaules. J’ai tellement essayé de faire de mon mieux pour que ce soit une bonne série, respecter le monde, montrer la vérité sans que ce soit trop. La réaction de ce soir me touche direct au cœur.»

«Ça fait du bien»

Rien n’avait été laissé au hasard. Avant les projections, la médecin-conseil de la Santé publique de l’Estrie, Mélissa Généreux, a tenu à prévenir les citoyens qu’il était «entièrement normal» de ressentir des émotions et que le vivre en groupe pouvait être un bienfait.

À l’extérieur de la salle, un espace réconfort avait été aménagé. Une quinzaine d’intervenants étaient prêts à recevoir les gens qui auraient besoin de soutien pendant ou après la projection.

Richard Custeau avait pour sa part déjà pu voir la série en entier grâce à Alexis Durand-Brault, devenu un ami. Présent lundi, il a confirmé que voir ces images remuait des émotions.

Richard Custeau a perdu son frère dans le drame. Le visionnement a toutefois mis du baume sur sa blessure.
Photo Stevens LeBlanc
Richard Custeau a perdu son frère dans le drame. Le visionnement a toutefois mis du baume sur sa blessure.

«Ça frappe, c’est sûr [...], mais, ça fait vraiment du bien», a partagé celui qui a été le représentant des familles endeuillées lors de la création de l’Espace mémoire et qui a perdu son frère dans l’incendie.

Il dit avoir appris des choses en voyant la série.

«Il y a des détails, pas beaucoup, mais[...] que j’ignorais. J’en ai appris plus sur la tragédie, même dix ans après. [...] J’ai toujours été là pour soutenir ma famille. Je ne pleurais pas, je gardais tout en dedans. Je suis le genre de gars qui ne pleure pas beaucoup, mais en regardant la série, j’ai beaucoup pleuré.»  

Les artisans de la série étaient «très fébriles» 

Une journée toute spéciale pour Sylvain Guy et Sophie Lorain

Une scène de la série Mégantic.
Capture d’écran, Club illico
Une scène de la série Mégantic.

Le scénariste Sylvain Guy avait «une petite boule» dans le ventre et la productrice Sophie Lorain a avoué qu’elle était «très fébrile», lundi midi, quelques heures avant que le premier épisode de la série Mégantic soit dévoilé à la population de cette ville durement éprouvée.

«Je ressens un peu d’appréhension, par contre il est temps que cet accouchement arrive. [...] J’ai hâte que ça se passe», a confessé Sylvain Guy, lors d’une rencontre avec Le Journal, dans la salle Montignac de la polyvalente du même nom.

Cette nervosité était compréhensible. Une telle présentation publique est rarissime dans l’histoire de la télévision québécoise, étant donné que peu d’œuvres de fiction inspirées par des catastrophes de cette ampleur ont été tournées chez nous. 

Sophie Lorain et Sylvain Guy
Photo Stevens LeBlanc
Sophie Lorain et Sylvain Guy

Comment pensez-vous que les Méganticois vont réagir? a-t-on demandé à Sophie Lorain.

«Je n’ose même pas aller là. Je ne sais pas à quoi m’attendre. Je vais le vivre en même temps que tout le monde», a-t-elle répondu.

Responsabilité 

Signe de la particularité de la série Mégantic, Sylvain Guy dit avoir refusé trois fois d’embarquer dans le projet. C’est en rencontrant des citoyens de Mégantic qu’il a finalement accepté de raconter leur drame. «C’est de loin le projet le plus difficile auquel j’ai participé», a-t‐il confié.

Il a vécu une expérience humaine hors de l’ordinaire. «Il y a des gens avec qui je suis devenu ami. La dernière fois que je suis venu à Mégantic, des gens sont venus me parler au restaurant, certains m’invitaient à aller faire un tour au bureau. Une proximité s’est installée.»

Sophie Lorain et Alexis Durand-Brault ont aussi d’abord décliné l’invitation de produire la série. «Nous n’avions que des réticences au départ», dit la productrice.

Comme Sylvain Guy, une visite à Mégantic a eu raison de leurs réticences. «Nous étions chamboulés.»

En outre, étant donné qu’une série sur la tragédie était en chantier à CBC, il était primordial pour eux que cette histoire soit racontée par des Québécois.

«Cela a joué pour beaucoup dans notre décision. On s’est dit que nous n’allions pas [nous] faire raconter ça par des gens de l’extérieur. On va prendre nos responsabilités.»  

MÉGANTIC 

La série

  • Huit épisodes diffusés sur Club illico le 9 février
  • Réalisation : Alexis Durand-Brault
  • Scénario : Sylvain Guy
  • Producteurs : Sophie Lorain, Alexis Durand-Brault et Antonello Cozzolino
  • Distribution : Lauren Hartley, Olivier Gervais-Courchesne, Joakim Robillard, Clara Turcotte, Catherine Paquin-Béchard, Julie Trépanier, Karl Farah, Julie Ringuette, Simon Lacroix, Bruno Marcil, Éric Robidoux, Isabelle Guérard, Duane Murray, Jean-Philippe Perras, Nathalie Cavezzali, Alex Bisping, Hubert Proulx, Luc Bourgeois, Isabelle Drainville, Luc Senay et Sarah-Anne Parent. 

Le drame

  • 6 juillet 2013, 1 h 14 : Le déraillement d’un convoi de 72 wagons-citernes au centre-ville de Lac-Mégantic provoque une série d’explosions et un gigantesque incendie.
  • Bilan : 47 morts, une quarantaine de bâtiments détruits, 2000 personnes évacuées.
  • Dommages : évalués à 1,5 milliard de dollars
Commentaires

Vous devez être connecté pour commenter. Se connecter

Bienvenue dans la section commentaires! Notre objectif est de créer un espace pour un discours réfléchi et productif. En publiant un commentaire, vous acceptez de vous conformer aux Conditions d'utilisation.