Rira bien qui boira le dernier
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La semaine dernière, un humoriste québécois a fait un canular qui m’a vraiment fait hurler de rire... et qui a fait le tour du monde.
Même The Guardian a parlé de Charles Deschamps, qui a inventé de toutes pièces un resto qui s’est retrouvé #1 sur la liste TripAdvisor des meilleurs restaurants de Montréal.
Son (faux) restaurant est devenu tellement populaire qu’il a même reçu des appels du Brésil et d’ailleurs pour obtenir une réservation à cet endroit sélect !
Hahaha ! Quelle belle façon de ridiculiser le snobisme du milieu de la restauration !
DES OBSÉDÉS GASTRONOMES
En entrevue à mon émission à QUB radio, Deschamps m’a expliqué qu’il avait photographié le sous-sol d’un de ses amis pour faire croire que c’était un resto, le Nouveau Duluth, comme une blague pour se moquer des sites de recommandations.
Il a ensuite sollicité des complices qui n’ont accordé que des notes de 5 sur 5 à ce resto inexistant... qui s’est classé #1 sur 4000 restaurants à Montréal.
- Écoutez l'entrevue de Sophie Durocher avec Charles Deschamps, humoriste sur QUB radio :
Quelle belle façon de ridiculiser le snobisme qui fait que des amateurs de bonne bouffe se précipitent sur n’importe quel resto, pourvu qu’il soit coté #1. Pourtant, la page consacrée au Nouveau Duluth sur TripAdvisor aurait dû mettre la puce à l’oreille de tous les « foodies » : la photo médiocre, les commentaires beaucoup trop dithyrambiques et le fait qu’un resto du Plateau-Mont-Royal offre une « vue sur l’eau » et l’accès à une plage.
Les amateurs d’exclusivité, qui veulent être les premiers à découvrir un petit bijou de resto, sont prêts à croire n’importe quoi quand ils lisent dans les commentaires qu’un boui-boui de la rue Saint-Denis a « un menu digne d’un restaurant à étoiles Michelin ».
Ce canular de Charles Deschamps m’a beaucoup fait penser au fabuleux film The Menu. Ce film de Mark Mylod (présentement en salles) raconte l’histoire d’un resto exclusif, établi sur une île isolée. Les obsédés de gastronomie qui sont prêts à dépenser une fortune pour s’y retrouver vont vivre une histoire d’horreur. Mais on trouve dans ce film une dénonciation de tout ce qui cloche dans la restauration : un culte de la personnalité entourant les chefs, une obsession pour la nouveauté, des plats compliqués qui ne goûtent rien, des ingrédients ridicules décrits avec un vocabulaire risible.
Il n’y a pas qu’en gastronomie qu’on trouve des snobs. En sommellerie aussi. C’est pourquoi j’ai autant ri en regardant sur le web le numéro de Louis-José Houde au Club Soly de Noovo.
- Écoutez la rencontre Durocher-Dutrizac avec Sophie Durocher au micro de Benoit Dutrizac sur QUB radio :
Devant les yeux ébahis de Soly, Houde s’est transformé en sommelier pointu qui ne parle pas de « vin » mais de « jus », « un terme qu’on sort comme ça des fois pour se dédouaner de caler des bouteilles à 70 piasses comme si c’était du Gatorade ».
Le sommelier Houde utilise tous les termes à la mode, comme dire « pet nat » au lieu de « pétillant naturel ». « C’est un pinard de ouf, en biodynamie, embouteillé selon les phases de la lune, par un vigneron qui a donné un nom à chacun des raisins ».
J’en ai vraiment rencontré des sommeliers (ou des amateurs de vin) comme ça, qui se gargarisaient avec leur savoir.
LES PRÉCIEUX RIDICULES
Merci à Deschamps, Soly, Houde et Mylod de rire de ces snobs plutôt prétentieux.
Et merci de nous rappeler qu’en bouffe, comme en vin, la simplicité a bien meilleur goût.