Un prof a mis son élève de 16 ans enceinte... et peut continuer à enseigner

Un enseignant d’une école secondaire de Trois-Rivières qui a mis enceinte une de ses étudiantes de 16 ans peut toujours enseigner malgré des dénonciations. 

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«C’est de la stupeur et de l’incompréhension», a rapporté à notre Bureau d’enquête un parent qui a récemment porté plainte contre cet enseignant au Centre de services scolaire du Chemin-du-Roy.  

Ce père n’est d’ailleurs pas le seul à avoir dénoncé l’enseignant. En 2020, une collègue du professeur avait fait part de son malaise à la direction de son école (voir autre texte). 

Nous avons choisi de taire les noms des victimes alléguées, de l’enseignant et de son école afin de protéger l’identité de personnes mineures.  

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Enceinte à 16 ans  

Tout a débuté il y a environ 25 ans, lorsque l’homme a entamé une relation intime avec une de ses étudiantes, qui est tombée enceinte. 

Nous avons joint cette femme, qui a confirmé avoir eu un enfant avec l’enseignant alors qu’elle était mineure. Des documents publics et des informations sur les réseaux sociaux ont également permis de corroborer son affirmation. 

L’adolescente a connu l’enseignant alors qu’elle étudiait au secondaire dans un collège privé de la Mauricie. Elle est tombée amoureuse du professeur qu’elle a fréquenté pendant plusieurs mois. 

Au départ, la relation n’était pas connue de la direction du collège, a affirmé un des directeurs de l’établissement privé, qui a depuis fermé. 

«Nous, on l’a su seulement après que les faits sont arrivés. On n’a eu connaissance de rien [avant la grossesse]», a-t-il affirmé, sans se rappeler si des mesures contre l’enseignant avaient été prises par la suite. 

Deuxième conquête 

Dans la même école, l’enseignant se serait ensuite amouraché d’une autre adolescente à qui il a également enseigné. Trois enfants sont nés de cette relation d’environ 15 ans, tous lorsque la femme était adulte. Cette dernière a refusé de commenter. 

Deux anciennes camarades de classe se rappellent toutefois que la liaison intime a débuté alors que l’adolescente était mineure. Cette relation a d’abord été cachée, mais rapidement, elle a été connue d’un peu tout le monde, affirment-elles.  

«C’était la première fois que quelqu’un s’intéressait vraiment à elle», a expliqué à notre Bureau d’enquête une des ex-camarades de classe. «Aujourd’hui, avec ma tête d’adulte, c’est sûr que je dénoncerais. Avec le recul, j’aurais aimé que des adultes interviennent», a relaté cette même source.  

L’homme a par la suite été embauché par la Commission scolaire du Chemin-du-Roy, en Mauricie, où il travaille toujours.  

Mise en demeure

Contacté à plusieurs reprises, l’enseignant a refusé de donner suite à notre demande d’entrevue. Il a plutôt fait parvenir une mise en demeure par une avocate. Dans sa missive, M^e Linda Lavoie a notamment demandé que ne soit pas publié un quelconque reportage concernant son client ou un membre de sa famille. 

Par ailleurs, la Sûreté du Québec aurait rencontré l’été dernier des témoins de cette histoire, selon nos informations.   

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FIL DES ÉVÉNEMENTS 

• Printemps 1997
  L’enseignant a une relation sexuelle avec une de ses élèves, âgée de 16 ans.
• Janvier 1998
  Un enfant naît de l’union entre l’enseignant et cette première adolescente de 16 ans.
• Hiver-printemps 2000
  L’enseignant entame une relation intime avec une autre de ses étudiantes, aussi âgée de 16 ans. La relation durera un peu plus de 15 ans. Trois enfants en seront issus.
• Vers 2002
  L’enseignant quitte le collège privé et devient enseignant pour la Commission scolaire du Chemin-du-Roy.
• Hiver 2020
  Un membre du personnel d’une école secondaire publique où travaille l’enseignant fait part à la direction de son malaise quant à l’historique de son collègue avec deux adolescentes.
• Août 2022
  Le père d’une enfant informe le Centre de services scolaire du Chemin-du-Roy du passé de l’enseignant. Après une enquête interne, l’organisation scolaire choisit de le garder en poste. 

La direction dit ne pouvoir rien faire  

Le Centre de services scolaire (CSS) du Chemin-du-Roy soutient n’avoir «aucun motif» pour sévir contre son enseignant, bien que ce dernier ait entretenu des relations intimes avec deux adolescentes à qui il a enseigné.

«Lorsque nous analysons notre lien d’emploi avec cette personne, s’échelonnant sur plus de 20 ans ainsi que la preuve soumise, aucune information ne nous permet de prendre quelconque action envers cet employé», nous a indiqué Anne-Marie Bellerose, porte-parole pour l’organisation.

Une enquête interne a été menée pour arriver à cette décision, a ajouté Mme Bellerose, qui assure que le CSS ne fait « aucun compromis » sur la sécurité de ses élèves.

Plainte et dénonciation

Le père d’une étudiante, qui a formulé une plainte au CSS l’été dernier, reproche cependant à l’organisme scolaire de «se détacher de ce qui s’est passé avant [son embauche]».

«Quel message ça envoie aux jeunes filles, le fait qu’on tolère cette situation? Que ça ne sert à rien de parler? C’est banaliser un comportement inacceptable», a-t-il affirmé à notre Bureau d’enquête.

Deux ans plus tôt, au début de l’année 2020, une collègue de l’enseignant avait informé la direction de son école des allégations le visant.

«C’est certain que je me suis posé la question: qu’est-ce que cette personne fait encore là en enseignement? Quelqu’un l’a échappé quelque part», a commenté cette source, qui a requis l’anonymat.

Celle-ci assure que le directeur avait pris le temps de l’écouter, mais ignore ce qu’il est advenu de sa mise en garde. Le directeur a refusé notre demande d’entrevue.