Un conflit de travail paralyse les opérations de déneigement à Châteauguay
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Des résidents de Châteauguay sont exaspérés d’endurer des rues et des trottoirs non déneigés depuis deux semaines à cause d’un conflit de travail qui s’est envenimé entre la Ville et ses cols bleus.
« Je reste dans un cul-de-sac et ils n’ont pas déneigé. Je trouve que c’est dangereux. Il y a des trottoirs qui ne sont pas déneigés du tout », soutient Bernard Champagne, un résident de 83 ans.
Lors de son passage sur place hier, Le Journal a constaté que plusieurs trottoirs étaient encore ensevelis sous la neige. Certaines rues ne semblaient pas avoir été déneigées depuis quelque temps.
« C’est inacceptable ! Les citoyens sont des payeurs de taxes et tout le monde a le droit de circuler, renchérit Lise Langlois. C’est dangereux parce qu’il peut arriver n’importe quoi, comme un accident. »
Le son de cloche est le même du côté du maire de Châteauguay, Éric Allard.
« Les trottoirs ne sont pas dégagés, les rues sont mal dégagées. Il y a des enfants qui vont à l’école en marchant dans la rue, dans des rues achalandées ou des boulevards. Les citoyens sont en danger là-dedans », s’insurge-t-il.
Conflit
Depuis la mi-janvier, un conflit a éclaté entre la Ville et les cols bleus après que la municipalité a proposé d’avoir recours au privé pour aider les opérations de déneigement après les grosses bordées de neige qui se sont multipliées, explique le maire en entrevue au Journal.
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Éric Allard dénonce le fait que diverses « méthodes syndicales qui datent des années 1970 » ont été utilisées depuis pour protester.
« Il y a un petit groupe parmi les cols bleus qui n’était définitivement pas content. Ça semble avoir dégénéré à cause qu’on a fait appel à ces camions [du privé] », ajoute-t-il.
Par exemple, des employés auraient délibérément ralenti le déneigement depuis les tempêtes qui ont marqué la fin du mois de janvier, entre autres, en refusant des heures supplémentaires.
Vandalisme et nœud coulant
Depuis quelques jours, des tiges de métal ont été retrouvées dans trois souffleuses à neige de la Ville qui ont été endommagées.
Les contremaîtres ont aussi retrouvé un horodateur détruit, ainsi qu’un nœud coulant suspendu dans la salle des patrons.
Le maire qualifie ces gestes de « vandalisme » et « d’intimidation ».
« Une corde de pendu, ça n’apparaît pas par magie, soutient-il. Des tiges d’acier qui apparaissent dans les bancs de neige au moment où on fait du soufflage, ce n’est pas un hasard. »
Selon M. Allard, des enfants se rendant à l’école ont même dû marcher dans la rue, sur des boulevards.
Devant le tribunal du travail
Questionné par Le Journal, le Syndicat des Cols bleus de Châteauguay a nié en bloc avoir amorcé un quelconque moyen de pression.
« On ne sait pas à quoi la Ville joue », mentionne la conseillère syndicale Marie-Christine Morin.
Pour cette dernière, si Châteauguay est mal déneigée « c’est à cause des problèmes de gestion de la Ville. »
Le conflit s’est retrouvé samedi devant le Tribunal administratif du travail, où le syndicat s’est engagé à effectuer les opérations de déneigement nécessaires devant « l’urgence » de la neige accumulée, selon le jugement provisoire.
►Le Tribunal doit entendre le syndicat et la Ville sur le fond de la question au cours d’une audience demain.