/news/education
Navigation

Formation d’un an pour devenir prof: les universités craignent une formation au rabais

Québec ne peut les forcer à offrir une formation plus courte

Formation d’un an pour devenir prof: les universités craignent une formation au rabais
PHOTO D'ARCHIVES, JEAN-FRANÇOIS DESGAGNÉS

Coup d'oeil sur cet article

Alors que le ministre Bernard Drainville veut mettre en place une formation d’un an pour devenir prof, les universités craignent la création d’un programme au rabais tout en soulignant que Québec ne peut les forcer à offrir une formation plus courte.

• À lire aussi: Vague de démissions: 4000 profs ont déserté nos écoles en trois ans

• À lire aussi: Les 7 travaux du ministre Drainville pour redresser le réseau scolaire

Deux semaines après l’annonce d’une «voie rapide» pour devenir enseignants, les universités n’ont toujours aucune idée de la façon dont le ministre de l’Éducation compte mettre en place cette formation. 

Bernard Drainville a annoncé son intention de créer «le plus rapidement possible» un programme de 30 crédits - qui pourrait être complété en un an à temps plein - afin de remplacer la maîtrise qualifiante de 60 crédits que plusieurs prennent des années à terminer. 

Bernard Drainville, ministre de l'Éducation
Photo d'archives, Didier Debusschère
Bernard Drainville, ministre de l'Éducation

Une rencontre entre le ministère et les universités s’est déroulée vendredi, mais aucun détail n’a été transmis sur la manière dont ce nouveau programme sera mis en branle, indique Jean Bélanger, président de l’ADÉREQ, l’association qui représente les doyens des facultés d’éducation des universités québécoises. 

«Au-delà de l’annonce qui a été faite, plusieurs interrogations demeurent», affirme celui qui est aussi doyen à l’UQAM.  

Lors de son annonce, M. Drainville a fait référence à la formation de 30 crédits en enseignement au secondaire qui était offerte dans les années 90 à des gens qui avaient complété un baccalauréat en littérature, mathématiques ou histoire par exemple.  

Après cette formation théorique d’un an, les nouveaux enseignants étaient encadrés par les directions d’école qui devaient superviser leur formation en milieu scolaire pendant deux ans avant d’obtenir leur brevet d’enseignement. 

«Si on a corrigé ça, c’est qu’à l’époque la formation pratique avait été jugée très inégale d’un milieu à l’autre», souligne M. Bélanger. 

Ce dernier rappelle par ailleurs que le référentiel de compétences des enseignants, sur lequel les facultés de l’éducation se basent pour élaborer leurs programmes, a été bonifié en 2020, ce qui va à l’encontre de la création d’un programme plus court. 

«Ce sont toutes ces questions-là pour lesquelles nous n’avons pas de réponse et qui nous font dire que ce n’est peut-être pas une bonne idée», laisse tomber le président de l’ADÉREQ. 

«Je ne suis pas contre, mais je suis contre l’idée de donner un brevet à rabais», ajoute M. Bélanger, tout en précisant qu’il souhaite «donner la chance au coureur» et espère une rencontre rapide avec le ministre Drainville pour discuter de ces enjeux. 

Sur une base volontaire 

Les universités étant autonomes, le ministre ne peut d’ailleurs pas forcer les établissements à mettre en place ce nouveau programme court, ajoute le doyen. 

«S’il voulait faire ça, il faudrait qu’il change la loi», dit-il. 

Des universités pourraient toutefois être intéressées par la création de ce programme sur une base volontaire. La TÉLUQ, qui offre de la formation à distance, pourrait être tentée par l’aventure, selon nos informations. 

Au cabinet du ministre Drainville, on a refusé mardi de répondre à nos questions à ce sujet. «Nous allons revenir avec une annonce qui comprendra tous les détails», s’est contentée d’indiquer son attachée de presse, Florence Plourde. 

Dans le milieu universitaire, plusieurs intervenants ne croient pas qu’il sera possible de mettre en place cette nouvelle formation pour l’automne, considérant tous les délais entourant la création de programmes universitaires.  

Vous avez un scoop à nous transmettre?

Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?

Vous avez un scoop qui pourrait intéresser nos lecteurs?

Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.

Commentaires

Vous devez être connecté pour commenter. Se connecter

Bienvenue dans la section commentaires! Notre objectif est de créer un espace pour un discours réfléchi et productif. En publiant un commentaire, vous acceptez de vous conformer aux Conditions d'utilisation.