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Le ballon-espion devient un ballon politique

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Photo AFP Un ballon-espion chinois présumé dans le ciel au-dessus de Billings au Montana la semaine dernière.

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Le NORAD, le commandement aérospatial qui est censé protéger le Canada et les États-Unis, a admis qu’il n’avait pas détecté au moins quatre ballons chinois et quand il l’a fait, il a d’abord pensé qu’il s’agissait d’ovnis !

Ce n’est qu’après les avoir classés comme « phénomènes aériens non identifiés » que le NORAD a finalement découvert au cours des deux dernières années qu’il s’agissait de ballons chinois.

C’est d’une incroyable incompétence. Les ballons mesurent environ 200 pieds (60 m) de diamètre et, avec leurs grands panneaux solaires, leur nacelle en métal a à peu près la taille d’un avion de ligne régional.

Après avoir donné l’ordre d’abattre le ballon, la Maison-Blanche s’est empressée de révéler qu’au moins trois survols de ce type de ballon avaient eu lieu pendant le mandat de Trump et un quatrième au début du mandat de Biden, en février 2022.

Ce que le ballon dit des Américains

Pour moi, ce qui est le plus remarquable dans cette affaire de ballon, c’est la réaction absolument hystérique des Américains.

La réalité est qu’il n’aurait pas pu recueillir des informations plus importantes que les satellites-espions chinois qui sillonnent jour et nuit le ciel des États-Unis. Le ballon chinois a surtout survolé des forêts, des terres agricoles, des centres commerciaux, de Walmart en Cosco.

Ça nous montre comment démocrates et républicains peuvent transformer une affaire somme toute mineure, amplifiée visuellement par les médias, en crise majeure et l’utiliser à leurs fins politiques.

Malheureusement, les médias ont embarqué dans le rodéo anti-chinois. Des images sensationnelles aident les cotes d’écoute. La crainte et le mépris de la Chine aux États-Unis ne datent pas d’hier. C’est sans doute ce qui explique que ce ballon errant inoffensif, météo ou un espion, suscite autant d’angoisse.

Si ces ballons étaient en mission d’espionnage, comme l’affirme Washington, pourquoi ont-ils survolé le Canada et l’Amérique latine, où il n’y a pas de bases de missiles nucléaires ?

Biden, Xi et le ballon

Biden a su prendre l’avantage tactique de l’affaire contre les républicains en montrant à la base MAGA de Trump qu’il peut être aussi dur que Trump contre les Chinois.

Du côté chinois, ça suggère un manque de coordination entre les organes d’une bureaucratie tentaculaire. S’il s’agissait juste d’un ballon météo, pourquoi les Chinois n’ont-ils pas alerté les États-Unis avant qu’il survole leur territoire ? Le gouvernement chinois est peut-être moins cohérent et moins fonctionnel qu’on le pense. Ça soulève des doutes sur le leadership de Xi Jinping.

La posture agressive de Biden sur le ballon chinois a empêché les républicains de marquer des points politiques sur la question, même si le retard à l’abattre leur a donné l’occasion de lui reprocher sa lenteur à prendre la décision. Normal pour un vieux.

L’affaire du ballon permet à Biden de réaliser un consensus bipartite en utilisant la posture anti-chinoise de Trump et des républicains à son avantage. Son défi est de préserver sa capacité à coopérer avec Pékin dans des domaines qui impliquent l’avenir de la planète, de l’économie et de la paix mondiale aux changements climatiques.

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