Des Européens ultra-riches veulent produire de l’acier «vert» chez nous
Le grand patron de H2 Green Steel était de passage au Québec la semaine dernière
Une entreprise suédoise soutenue par de riches familles européennes étudie la possibilité d’installer au Québec une usine d’acier « vert », un projet milliardaire qui pourrait créer plus de 1000 emplois.
Fondée en 2020, H2 Green Steel a recueilli jusqu’ici près de 500 millions $ auprès de nombreux investisseurs, dont les puissantes familles Wallenberg (Ericsson), Agnelli (automobile), Maersk (transport) et Ek (Spotify) ainsi que Volkswagen, Mercedes-Benz et la fondation IMAS (Ikea).
Le mois dernier, le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, a rencontré des représentants de H2 à Davos, en Suisse, dans le cadre du Forum économique mondial.
Puis, la semaine dernière, le PDG de H2 Green Steel, Henrik Henriksson, était de passage à Sept-Îles pour rencontrer des décideurs locaux et des membres des Premières Nations.
À Montréal, il a également tenté de recueillir du financement auprès d’investisseurs canadiens.
Dans le nord de la Suède, H2 prévoit exploiter, dès 2025, une première aciérie « verte », un projet évalué à 7 milliards $.
Minerai de fer et mégawatts
« Comme dans le nord de la Suède, il y a beaucoup de fer et d’hydroélectricité au Québec », souligne M. Henriksson lors d’une entrevue avec Le Journal.
Au Québec, ArcelorMittal et Rio Tinto produisent déjà de l’acier à l’aide de fours à arc électrique, mais une partie du procédé nécessite du gaz naturel. H2 Green Steel souhaite remplacer ce combustible fossile par de l’hydrogène « vert », c’est-à-dire produit à l’aide d’hydroélectricité.
H2 ne générerait pratiquement pas de gaz à effet de serre (GES) alors que l’industrie de l’acier est actuellement à l’origine de 7 % de toutes les émissions de GES dans le monde.
« Pourquoi exporter l’hydroélectricité et le minerai de fer alors que nous pouvons ajouter beaucoup de valeur en utilisant ces ressources pour créer des emplois, susciter du développement technologique et exporter de l’acier vert ? » demande Henrik Henriksson, un ancien dirigeant de Scania, une filiale de Volkswagen.
Un bon usage de notre électricité ?
Le hic, c’est que la production d’hydrogène requiert énormément d’électricité alors que le Québec commence à en manquer. En Suède, H2 bénéficie d’un approvisionnement hydroélectrique « abondant » et à « prix concurrentiel », a précisé une porte-parole de l’entreprise, Karin Hallstan.
Normand Mousseau, professeur de physique à l’Université de Montréal, déplore justement la dépendance des producteurs d’acier vert aux bas tarifs d’hydroélectricité.
« Pour le moment, ces projets ne peuvent pas exister sans subventions éternelles », soutient-il.
« Malheureusement, il n’y a pas beaucoup d’autres options, rétorque Jérôme Gosset de la firme spécialisée Pyonnier. La production d’acier est l’un des secteurs les plus difficiles à décarboner. »
H2 GREEN STEEL EN BREF
Fondation : 2020
Lieu de la première aciérie : Boden, en Suède
Financement recueilli : 5,5 milliards $, dont 5 G$ sous la forme d’emprunts
Pays à l’étude pour les prochaines usines : Portugal, Canada, États-Unis, Brésil