Les radars étaient aveugles: des ballons-espions pourraient circuler depuis longtemps
De gros objets ont pu circuler pendant des mois avant que le Canada et les États-Unis ajustent leurs appareils
Les États-Unis et le Canada ont dû réajuster leurs radars afin de mieux détecter les ballons-espions, dont certains ont pu circuler en toute impunité dans l’espace aérien nord-américain jusqu’à tout récemment.
• À lire aussi: Des détails nouveaux sur l’objet abattu au Yukon
• À lire aussi: Comment un chasseur ultra-perfectionné a été utilisé contre... un gros ballon blanc
• À lire aussi: Ballons abattus par des chasseurs américains: Trudeau continue de défendre la capacité du pays à protéger son ciel
• À lire aussi: Un ballon semblable aux objets chinois abattus repéré dès juillet 2022 au Nouveau-Brunswick
En point de presse lundi, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche, John Kirby, a admis que des aéronefs non identifiés ont probablement survolé le ciel nord-américain depuis des années sans que les gouvernements ne prennent la peine d’étudier le phénomène en profondeur.
Mais dans la foulée du présumé ballon-espion chinois abattu le 4 février au large de la Caroline du Sud, les radars du NORAD, le Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord, ont été ajustés, ce qui expliquerait d’ailleurs pourquoi d’autres objets volants ont été détectés au cours des derniers jours.
Des géants incognito
«Les objets qui volent lentement à une haute altitude [...] sont difficilement détectables par nos radars. Même les objets de la grosseur du ballon-espion chinois, grand comme trois autobus scolaires, n’étaient pas détectés par les administrations précédentes ou d’autres pays», a expliqué John Kirby.
Les paramètres des radars du NORAD ont été modifiés pour qu’ils puissent mieux repérer les objets volants plus petits ainsi que ceux qui circulent à haute altitude.
La Défense américaine a d’ailleurs fait son mea culpa, après que des informations ont circulé voulant qu’au moins trois ballons avaient été repérés sous la précédente administration Trump.
«Je vous dirai que nous n’avons pas détecté ces menaces. Et c’est une faille que nous devons comprendre», a admis en point de presse la semaine dernière le chef du NORAD, le général Glen VanHerck.
Du côté canadien, le major général Paul Prévost, de l’état-major interarmées stratégique, a déclaré lundi qu’un autre objet volant avait été détecté en 1999 dans l’espace aérien canadien, mais qu’il n’y en avait pas eu d’autres depuis à sa connaissance.
- Écoutez l'entrevue avec Pierre St-Cyr à l’émission de Philippe-Vincent Foisy diffusée chaque jour en direct 7 h 45 h via QUB radio :
Un message envoyé à l’adversaire
Chose certaine, les États-Unis et le Canada ne discutent pas de ces objets volants dans l’espace public uniquement à des fins militaires, croient des experts.
«Normalement, en défense, on veut cacher nos capacités, donc on regarde, on étudie, mais on n’intervient pas», rappelle Pierre Leblanc, colonel à la retraite et ancien commandant de la Force opérationnelle interarmées (Nord) du Canada.
Selon ce dernier, un contexte «politique» explique en partie la médiatisation du phénomène.
«Ce n’est pas une décision militaire, mais une décision politique. Ça démontre une volonté, non seulement de la part des États-Unis, mais également du Canada, de signaler à l’adversaire qu’on veut le dissuader d’agir d’une telle manière», croit également Christian Leuprecht, professeur au Collège militaire royal du Canada.