Victoriaville et Drummondville tentent d’attirer ceux qui en ont marre de la circulation dans la métropole
Maintenant que le télétravail est possible, pourquoi habiter Montréal, endurer son trafic et payer trop cher pour une maison ? C’est la réflexion que proposeront les maires de Victoriaville et Drummondville aux Montréalais ces prochains jours, par le biais d’une campagne publicitaire unique en son genre.
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« On a des cônes aussi. Mais ben plus de conifères » ou « On a des bouchons aussi... dans le bain » sont des publicités que les automobilistes montréalais vont apercevoir de leur voiture, lorsqu’ils rouleront sur les ponts Champlain, Victoria, Jacques-Cartier, dans le pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine ou lorsqu’ils prendront le métro Longueuil, dès aujourd’hui.
Les maires de Victoriaville et de Drummondville ont décidé de prendre le taureau par les cornes pour attirer la main-d’œuvre chez eux. Et du coup, faire un pied de nez à la mairesse de Montréal, Valérie Plante.
« C’est une main tendue aux Québécois et Québécoises. La fenêtre d’opportunité ne pourrait être meilleure pour venir s’établir à Victoriaville ou à Drummondville. À ceux qui songent à faire le grand saut, c’est le moment ! » disent conjointement le maire de Victoriaville, Antoine Tardif, et la mairesse de Drummondville, Stéphanie Lacoste.
Une guerre dans la région aussi
Le maire de Victoriaville ne s’en cache pas, sa ville a besoin de main-d’œuvre.
« Comme partout au Québec, on a une pénurie de main-d’œuvre et on voyait une belle opportunité avec les travaux qui s’amorcent dans le tunnel », dit M. Tardif.
D’autant plus que la filière batterie est en train de s’installer dans cette région, à Bécancour.
« On parle à Bécancour d’un besoin de 10 000 à 15 000 travailleurs dans les cinq à dix prochaines années. On ne veut pas non plus que ce soit tous des employés de Victoriaville ou Drummondville qui s’en aillent à Bécancour », explique-t-il.
À part éviter le trafic, la région du Centre-du-Québec a beaucoup à offrir, selon lui.
« On parle constamment d’inflation. Or une maison moyenne à Victoriaville, c’est 275 000 $, alors qu’à Montréal c’est au-dessus de 500 000 $. Clairement, il y a un avantage de vendre sa maison à Montréal à un bon prix, puis de déménager chez nous et mettre de l’argent dans ses poches », dit Antoine Tardif.
« Et si te rendre au travail te prend cinq minutes au lieu d’une heure, tu peux te servir de ce temps-là pour passer plus de temps avec ta famille, faire du ski, de la natation ou d’autres sports », ajoute-t-il.
Un pied de nez à Montréal ?
Les deux Villes ont dépensé quelque 100 000 $ pour leur campagne publicitaire. Craignent-ils que la mairesse Valérie Plante le prenne mal ?
« Je ne pense pas que la mairesse Plante ou la mairesse de Longueuil vont mal le prendre. Au contraire, c’est juste une façon de faire valoir nos villes, et on le fait avec humour », dit Antoine Tardif.
Les règles du jeu ont changé depuis la pandémie. Le télétravail relègue aux oubliettes les frontières et les problèmes de circulation pour plusieurs types de travailleurs, et les villes comptent bien en profiter.
Population qui explose
« Il y a une tendance qui se dessine clairement depuis la pandémie. On l’a vu chez nous depuis deux ans, la croissance de la population est exponentielle et est le double de ce qui était prévu. Beaucoup viennent de Montréal et de Québec. Dans certains cas, ils travaillent encore à Montréal une journée par semaine, des fois deux, et ils n’ont pas de problème à faire la route », dit le maire de Victoriaville.
« On est à une heure de Montréal, 1 h 45 de Québec, 45 minutes de Trois-Rivières et 50 minutes de Sherbrooke. On est central. Si ta maison te coûte moitié moins cher, tu as cet argent de disponible pour aller voir un spectacle à Montréal ou passer une fin de semaine à Québec en un aller-retour d’une journée ! » ajoute Stéphanie Lacoste, mairesse de Drummondville.